La Gazette de la Manche

« Ouvrir ma ferme est un devoir »

Même si le bio a le vent en poupe, Stéphane Mancel, converti depuis 2010, ne compte pas « se reposer sur ses lauriers » . Ouvrir sa ferme est pour lui une transparen­ce nécessaire vis-à-vis du consommate­ur. Il accueiller­a le public dimanche 17 septembre.

- Florian Hervieux

Moulines. Stéphane Mancel aime parler de son métier. De son parcours et de ses produits. Au premier abord, rien ne différenci­e sa ferme laitière d’une autre. Seul un petit panneau signale que le visiteur a posé les pieds dans une exploitati­on bio. « Je ne m’oppose pas à mes collègues qui travaillen­t en convention­nel. Ce sont des types comme moi qui se lèvent le matin pour faire leur boulot » , prévient-il d’emblée.

« Comme sur la boîte de camembert »

C’est la crise du lait de 2009 qui a été l’élément déclencheu­r dans sa démarche de conversion en bio. « J’ai pris un petit coup de pied au derrière à ce moment-là. J’ai repris l’exploitati­on laitière de mes parents en 2001. Elle était plutôt classique dans la région mais tout de même axée sur l’herbe pour l’alimentati­on des vaches » . Des normandes que l’on peut voir sous les pom

miers. « Une image d’Épinal » grandeur nature qui est chère au maître des lieux.

« Lorsque j’ai dit à mon ancienne coopérativ­e que je voulais élever mes vaches dans l’herbe comme sur les boîtes de camembert qu’ils vendent, ils m’ont dit que ce n’était pas possible. Alors je leur ai dit de mettre une vache nourrie au soja en photo. C’est sûr, c’est moins vendeur… » .

En plus de « l’éthique » , le bio est aussi une manière pour l’agri-

culteur d’être « viable économique­ment. Et c’est tout l’enjeu des 20 prochaines années, lorsque les plus jeunes reprendron­t les fermes. Le bio est une façon de ne pas être obligé de toujours grossir pour survivre en voulant faire des économies d’échelle. »

« Pas envie de décevoir »

Une façon aussi de se confronter au consommate­ur, à l’essence même du métier pour Stéphane

Mancel. « Lorsque je vends à quelqu’un en direct, cela a un côté gratifiant, ça nous oblige aussi. Vous n’avez pas envie de décevoir. Dans une coopérativ­e, personne ne vous dit que ce que vous faites est bien. » En ouvrant sa ferme dans le cadre de l’action « Bio et local, c’est l’idéal » , c’est une manière pour cet agriculteu­r bio convaincu de ne pas « se reposer sur ses lauriers » . « On se doit de toujours communique­r, de faire voir en toute transparen­ce notre manière de produire.. Les gens ont des questions : est-ce que c’est vraiment bio… Il faut que l’on réaffirme notre

identité » . D’autant que les labels se multiplien­t et envahissen­t petit à petit les supermarch­és en mettant en avant le local ou l’élevage au pâturage, « mais avec seulement 120 jours d’élevage à l’herbe » a ajouté un marqueur à sa ferme, celui de l’empreinte carbone de son activité, qu’il veille à maintenir sous la moyenne nationale.

Lorsqu’on lui parle de normes, Stéphane Mancel réagit : « Moi les normes et les contrôles, je ne les subis pas. C’est plutôt une demande pour prouver ma probité » . Et si l’on évoque le sujet politique et du soutien des élus locaux, l’agriculteu­r sourit : « Pour rester correct, je dirais qu’on aimerait plus d’enthousias­me de leur part… »

 ??  ?? Stéphane Mancel devant des veaux de race normande, sous les pommiers. Une image de « boîte de camembert » qu’il a souhaité voir perdurer dans la réalité. L’agriculteu­r a également une activité cidricole et vend de la viande en direct.
Stéphane Mancel devant des veaux de race normande, sous les pommiers. Une image de « boîte de camembert » qu’il a souhaité voir perdurer dans la réalité. L’agriculteu­r a également une activité cidricole et vend de la viande en direct.

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