Il dort sous la tente avec pour seul réconfort son chat
Sylvère Delabroise vit dans une tente depuis bientôt deux mois, son chat l’aide à surmonter cette épreuvre difficile.
Sylvère Delabroise, 35 ans, dort dans une tente de camping depuis un mois et demi. « Il fait froid et il pleut. Les soirées commencent à être difficiles. La nuit dernière, je n’ai pas trop dormi avec la pluie et le vent. J’ai toujours peur qu’un arbre tombe. Je devais récupérer un appartement, ce jeudi 14 septembre, mais le propriétaire a changé d’avis. Il y avait trop de papiers à remplir. »
Avant d’en arriver là, Sylvère a vécu pendant un an dans un
logement d’urgence. « Je travaillais depuis trois mois dans une entreprise de travaux publics. J’étais suivi par l’association Passerelle. Je n’ai pas tellement anticipé les papiers pour un autre un logement. Ce n’est pas trop mon truc. Je commençais à m’en sortir et me retrouve à la rue. Je suis un peu au fond du trou. Heureusement que j’ai mon petit chat qui m’aide à tenir. » Avec son chat sur son épaule, Sylvère Delabroise se balade à vélo dans les rues d’Avranches.
« Je dormais avec les lionceaux »
Lui a toujours grandi avec les animaux. « Mes parents étaient agriculteurs près de Villedieu. Déjà à trois ou quatre ans, j’allais dans la
salle de traite. » Son métier consiste d’ailleurs à chouchou
ter les animaux. « J’ai travaillé pendant quinze ans dans les cirques pour les soigner. J’ai toujours voulu faire ça. » Ne lui dites pas qu’ils sont maltraités. « Alors c’est vrai ils sont enfermés, mais nous n’avons pas le choix. On pourrait aussi critiquer les élevages de chevaux. C’était peut-être vrai avant, mais ça a beaucoup changé. J’ai d’ailleurs été recruté pour m’en occuper. Par exemple, les lions vivaient dans un petit camion. Ils sont aujourd’hui dans des parcs de détente. Je rentrais dans les cages avec les lions, sans les shooter. On dort avec les lionceaux dans les caravanes. Ils s’habituent à nous. Un lion attaque seulement quand il est mal traité. »
Son métier lui plaît. « Tous les jours, je changeais de ville. On voyageait beaucoup. Le matin, je me levais de bonne heure pour descendre les animaux et monter le chapiteau. »
L’état d’urgence a ralenti l’activité
L’état d’urgence a ralenti l’activité dans les cirques selon
Sylvère. « Il faut deux vigiles dans les cirques plus une personne à fouiller les sacs. Dans la région parisienne l’activité a baissé. C’est pour ça que j’ai arrêté.
J’ai un statut d’intermittent du spectacle. Je n’ai le droit à rien au chômage. » De plus, ses filles habitent près d’Avranches. Elles voulaient absolument le revoir, alors il a arrêté le cirque.
Il devait reprendre le travail lundi 18 septembre en intérim. « C’est difficile sans travail. Je pensais m’en sortir seul pour me prouver que j’en étais capable, mais c’est trop difficile. Je suis obligé de faire la manche. Je vais voir une assistante sociale car ma situation ne peut plus durer. Je suis conscient d’être vu comme un marginal. »
« J’aimerais créer une ferme animalière » Sylvère ne désespère pas et se
projette dans l’avenir. « J’aimerais créer une ferme animalière avec des petits animaux près d’Avranches. On y trouvera par exemple des lamas et j’expliquerais aux enfants d’où ils viennent ce qu’ils mangent etc. C’est vraiment mon rêve… »
« Mon petit chat m’aide à tenir » « Je pensais m’en sortir seul »