La Gazette de la Manche

Il faut sauver le tribunal de proximité

Créées après la suppressio­n du tribunal de grande instance en 2010, les audiences foraines sont menacées. Une quarantain­e de dossiers sont jugés par mois à Avranches.

- Thomas Savalle

Avranches. À l’entrée du tribunal d’Avranches, une affiche énumère la justice du XXIe siècle. Elle serait plus « proche » du citoyen. La réalité est bien loin des slogans publicitai­res. Magistrats et élus craignent de voir disparaîtr­e les audiences foraines, du palais de justice d’Avranches. Elles sont nées, en 2010, pour compenser la suppressio­n du tribunal de grande instance. « C’était pour acheter la paix sociale » , indique le bâtonnier, Me Laurent Marin.

40 dossiers jugés par mois

Quarante dossiers sont jugés mensuellem­ent, grâce aux audiences délocalisé­es. Le juge aux affaires familiales et le juge pour enfants intervienn­ent sur une vingtaine de dossiers tous les mois. Une vingtaine sont aussi jugés au tribunal correction­nel. Il s’agit surtout de petits litiges inférieurs à 10 000 €. Un juge unique et un greffier jugent ces affaires, souvent liées à des conduites sous l’empire d’un état alcoolique. Les délits plus graves, comme des trafics de stupéfiant­s, sont jugés à Coutances par plusieurs juges.

La justice de proximité serait terminée en cas de fermeture des audiences délocalisé­es. Les justiciabl­es se rendront uniquement au tribunal de Coutances, à partir de janvier 2018. Ils ne peuvent pas toujours « se

déplacer à Coutances » , estime le porte-parole des avocats. La commune du Teilleul est par exemple éloignée de 84 km de Coutances. Il faut environ 1 h 30, en voiture, pour effectuer ce trajet. Certains n’ont pas de voiture. « Cela va aggraver la situation des personnes. On raisonne comme si tout le monde avait une voiture en France. Il faut mainte-

nir ce service. Déjà pour certain 30 km, c’est compliqué. Dans le Sud-Manche, le transport collectif est quasi inexistant. Nous devons garder une proximité avec le contribuab­le » , précise Laurent Marin. « C’est la décision d’un seul homme »

« Ce n’est pas une décision de la chanceller­ie, c’est la volonté d’une personne, la première présidente de la cour d’appel de Caen. Elle a pris sa décision sans en informer les avocats et les élus locaux » , précise Laurent Marin. Je lui ai envoyé deux courriers. « Je n’ai eu aucune prise

de position officielle de la part

de la cour d’appel de Caen. » Le bâtonnier a écrit à Nicole Belloubet, la garde des Sceaux. Il espère que ce courrier va la convaincre de maintenir les audiences foraines. « Elle se met en contradict­ion avec les principes énoncés par le ministère de garder de la proximité. » Des élus montent au créneau De nombreux élus locaux ont souhaité défendre ce dossier : « le député Bertrand Sorre, les deux sénateurs Philippe Bas et Jean Bizet. » David Nicolas, le maire d’Avranches, souhaite aussi le maintien des audiences délocalisé­es dan sa ville. Le bâtonnier a aussi défendu ce dossier mardi 13 octobre, avant une audience foraine. Il a invité la présidente de la cour d’appel à une visite sur le terrain pour prendre la mesure de la densité géographiq­ue du territoire. À l’heure où nous écrivons ces lignes, mardi 17 octobre, nous n’avons pas réussi à joindre la première présidente de la cour d’appel de Caen.

« Plus d’une heure de route »

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Les audiences foraines ou délocalisé­es ont été créées pour compenser la fin du tribunal de grande instance en 2010. Mardi 17 octobre en début d’après-midi, Me Laurent Marin est intervenu à l’ouverture de l’audience foraine pour demander le maintien de...

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