La Gazette de la Manche

Le thon rouge est de retour au large de Granville

Disparu des eaux normandes, le thon rouge est réapparu. La pêche s’annonce « exceptionn­elle ».

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« Je n’ai jamais vu ça en quinze ans de métier » , assure Peter Lecourt, le responsabl­e des ventes à la criée de Granville. Depuis la fin du mois d’août 2017, une vingtaine de thons rouges ont été pêchés et se sont retrouvés sur les étals granvillai­s.

Entre 30 et 150 kg

« Ils faisaient entre 30 et 150 kg, selon les poissons » , s’étonne Peter Lecourt. Vendu entre 4,80 et 6,50 kg à la criée de Granville, ce produit rare en Normandie n’a pas pour autant attiré le chaland. « Les gens ne sont pas habitués ! » , assure Peter Lecourt.

Ces poissons, pêchés plutôt en Méditerran­ée, effectuent des migrations importante­s vers les régions froides pour se nourrir. Ce prédateur mange des petits poissons comme les anchois, sardines, harengs, lançons, sprats, maquereaux… « Des espèces que l’on a chez nous » , assure Ivan Schlaich, de la station de l’Ifremer (Institut français de recherche pour l’exploitati­on de la mer) à Port-en-Bessin.

Ce n’est pas la première fois que l’on recense des thons rouges dans la Manche, assure Nicolas Leblanc, chargé de mission au Comité régional des pêches maritimes et des élevages marins de Normandie. Mais jamais avec autant de prises. En cette fin d’été, il y a vraiment eu plus de captures que d’habitude.

Un poisson de retour en Normandie

Les premiers éléments d’explicatio­n avancés par l’Ifremer et le Comité régional des pêches maritimes sont les effets du plan de reconstitu­tion du thon rouge 2007-2022 mis en place par la Commission internatio­nale pour la conservati­on des thonidés de l’Atlantique (CICTA).

Le stock de thon rouge se reconstitu­e depuis 2010, souligne Jean-Marc Fromentin du laboratoir­e de l’Ifremer de Sète et spécialist­e du thon rouge. C’est une population qui existait en Manche mais qui avait disparu.

Selon les derniers suivis aériens 2017 de l’Ifremer, une hausse du recrutemen­t du thon rouge est observée. « L’estimation du recrutemen­t récent reste cependant la plus incertaine » , souligne l’Ifremer dans une étude.

Le réchauffem­ent climatique en cause ?

Deuxième argument que tous les pêcheurs ont en bouche, « le réchauffem­ent climatique » . « On voit bien depuis plusieurs années arriver des espèces qu’on n’avait pas avant comme les dorades, la bonite » , assure Nicolas Leblanc du Comité régional des pêches maritimes.

Cependant, le thon rouge n’est pas à mettre dans le même sac que les autres espèces habituées à vivre dans des eaux plus chaudes. « C’est une espèce qui était présente il y a plusieurs décennies en Normandie, elle fait juste son retour grâce au plan de reconstitu­tion » , précise l’Ifremer.

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