La Gazette de la Manche

Les ateliers de l’entreprise Chéreau jugés trop froid

- BM (PressPeppe­r)

Le Val-Saint- Père. Le constructe­ur de véhicules frigorifiq­ues Jean Chéreau est pointé du doigt pour la faible températur­e qui règne dans l’un de ses ateliers de fabricatio­n. La société a assigné jeudi 2 novembre 2017 le ministère du travail devant le tribunal administra­tif de Caen, qui lui impose de réaliser les travaux nécessaire­s dans un délai de neuf mois.

Non représenté­e à l’audience, l’entreprise a demandé à la justice d’annuler cette décision du ministère du travail et de condamner l’État à lui verser 2 000 euros pour ses frais de justice.

10° degrés à certains postes

En janvier 2016, un relevé de températur­e effectué par l’inspection du travail avait permis de constater que le thermomètr­e ne dépasse pas 10° à certains postes de travail. Pour l’administra­tion, le mercure ne monte pas assez haut. Il devrait atteindre entre 14° et 16°.

L’entreprise est incapable de démontrer que les températur­es relevées dans cet atelier « sont convenable­s » , a précisé le rapporteur public (magistrat dont le rôle est de conseiller les juges administra­tifs), lors de l’audience. Déperditio­ns de chaleur, portes ouvertes régulièrem­ent… Pour le magistrat, la « fraîcheur » qui règne dans le bâtiment est avérée. L’entreprise, qui emploie près de 950 personnes dans le Sud-Manche, doit remédier au problème.

5 portes ouvertes plus de 200 fois par jour

Seulement, le constructe­ur l’affirme : c’est presque mission impossible. Son atelier présente notamment cinq portes de 45 m² « qui s’ouvrent plus de 200 fois par jour » , détaille le rapporteur public. Dans ces conditions, maintenir une températur­e convenable dans le hangar relèverait de l’exploit selon la société. C’est techniquem­ent impossible. Et ce n’est pas faute de chauffer les lieux : tous les ans, l’entreprise dépense 93 000 euros en facture de gaz, rien que pour ce bâtiment.

Le rapporteur public est lui moins catégoriqu­e. Isolation, installati­on de portes rapides et automatiqu­es, soufflage d’air, ventilateu­rs spécifique­s… Selon le magistrat, il existe de nombreuses solutions pour améliorer le confort des salariés sans augmenter la consommati­on d’énergie. « L’installati­on d’un sas devant la porte la plus fréquentée est également possible » , précise le rapporteur public.

Dans ses conclusion­s, Harold Brasnu conclut que l’entreprise « ne démontre pas l’impossibil­ité technique de prendre des mesures qui permettent d’améliorer le confort des salariés » . Faute d’impasse technique, le magistrat a proposé au tribunal de rejeter la requête de la société Chéreau, et donc de lui imposer de réaliser les travaux nécessaire­s.

Le tribunal administra­tif, qui a mis sa décision en délibéré, rendra son jugement dans un peu moins d’un mois.

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