La Gazette de la Manche

La Normandy Touch à la conquête de l’Asie

Défendre l’image et la qualité Normande, décrocher des contrats, comprendre les exigences de ces nouveaux marchés… les objectifs étaient multipes pour les patrons normands en déplacemen­t en Corée et en Chine. Un voyage couronné de beaux succès.

- Philippe Rifflet

« C’est la French Touch, la Normandy Touch que l’on

amène… » insiste Daniel Delahaye, le directeur général de la Coopérativ­e d’Isigny Sainte-Mère quand on lui demande de dresser le bilan des quelques jours passés par neuf chefs d’entreprise normands en Corée et en Chine.

Vieux « routier » de l’exportatio­n, en compagnie de Luc Lesénécal, patron des Tricots Saint James, il a pour ainsi dire « chaperonné » les petits nouveaux, désireux de se frotter à ces marchés émergents. C’est le sens de l’opération initiée par la Région Normandie : créer un réseau d’entraides entre normands et entre entreprise­s normandes. « Les journées sont longues mais elles sont prospères » notent les deux chefs d’entreprise­s. Les rendez- vous s’enchaînent dès huit heures du matin, notamment grâce à l’action de Business France qui, en amont, prépare le terrain en organisant les rencontres. « La difficulté, c’est de durer »

« Pour réussir en Asie, c’est une course de longue haleine mais la règle, c’est de proposer de la qualité et seulement de la qualité. Nos partenaire­s asiatiques sont très exigeants,

et à la première erreur on est

black listé… » La mise en garde a le mérite d’être claire. Essentiel aussi de trouver des partenaire­s solides et sérieux pour monter une relation « win-win », gagnant-gagnant…

Contrats signés

Concrèteme­nt, les entreprene­urs normands sont rentrés de leurs voyages avec plusieurs contrats en poche. C’est par exemple le cas de Filt, PME de 19 personnes à Caen qui fabrique des filets et des cordons. L’entreprise exportait déjà an Asie mais ne connaissai­t pas son importateu­r. Leur rencontre s’est soldée par une grosse commande supplément­aire.

Pour Nathalie Foussiez, Niuka Paris, qui n’avait encore pas vendu ses carrés de soie, l’aventure prend forme avec une commande ferme, plus une seconde à confirmer, de près de 300 pièces au total, imaginées dans le petit bureau qu’elle occupe avec un stagiaire et un apprenti à la pépinière d’entreprise­s de Saint-Contest. Georges Vianna des Madeleines Jeannette a fait du contact, « Je voulais analyser le marché, réfléchir au packaging qu’il faudra mettre en place pour s’implanter ici. J’ai compris que les gens veulent du haut de gamme, et qu’ils sont prêts à y mettre le prix. » S’il avoue s’être un peu demandé ce qu’il faisait en Corée, un pays où on ne mange pas de dessert, Georges Viana s’est rassuré en rencontran­t l’acheteur d’une grosse chaîne de magasins. « Il m’a dit être intéressé. Mais il faudra qu’on adapte nos recettes… » L’expérience est donc positive là aussi. Les salariés restés à Demouville attendaien­t beaucoup de déplacemen­t de leur patron en Asie, « ils m’ont souhaité bonne chance et de bonnes ventes

quand je suis parti… » raconte le fabricant de madeleines. Il est rentré sans commande ferme mais avec des touches solides.

Bientôt un volontaire en Chine et en Corée

Crée en 1830 par Ernest Mauviel à Villedieu-les-Poêles, le groupe Mauviel 1830 équipe les plus grandes cuisines du monde de ses articles de cuisine en cuivre. A Séoul, Valérie Leguern-Gilbert a visité les cuisines du Signiel Séoul, installé au sommet de Lotte Worl Tower. Ce restaurant prestigieu­x, propriété du grand chef Yannick Alleno, ne cuisine qu’avec le matériel sorti de la manufactur­e de la Manche. La dirigeante de l’entreprise, qui incarne la septième génération de la famille, ne cache pas sa fierté de vivre une telle aventure. « La qualité est de retour dans les grandes cuisines, et pour nous c’est génial. L’entreprise sait répondre aux demandes particuliè­res pour produire des ustensiles spéciaux

». Yannick Alleno vient ainsi de passer commande pour ses cuisines de Courchevel.

Pour Hervé Morin, dont les

chefs d’entreprise disent qu’ « il mouille vraiment la chemise pour leur permettre de ga

gner des parts de marchés.. » , le meilleur indicateur c’est ce que ressentent les chefs d’entreprise­s, « Si vous les voyez faire la gueule, c’est qu’ils ont le sentiment d’avoir perdu trois jours c’est que ça a foiré. Chaque fois qu’on vient dans un pays comme ça, on y met un pied. La difficulté c’est de durer sur le long terme. La solution est sûrement d’Installer très rapidement un Volontaire Internatio­nal en Entreprise en Corée et en Chine à Shanghaï. » Pour lui, il est vital de défendre l’idée « qu’il se passe plein de choses en Normandie, qu’il existe un savoir-faire, que la qualité est une valeur forte. Nous avons aujourd’hui constitué un réseau de 1 600 ambassadeu­rs de la Normandie partout dans le monde. Ce sont autant de voix qui vont défendre les valeurs et les atouts de la Normandie. »

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