La Gazette de la Manche

Les défenseurs veulent riposter

Les Amis du Barrage ont tenu leur assemblée générale jeudi 16 novembre. L’annonce de l’arasement, deux jours avant, a suscité l’indignatio­n des participan­ts.

- Céline Montécot

L’associatio­n de défense des barrages de Vezins et de La Rochequi-Boit a tenu son assemblée générale jeudi 16 novembre. Hasard du calendrier, ce rendez-vous s’est tenu deux jours après l’annonce de l’arasement des barrages, faite par Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique, par communiqué. Dans tous les esprits, cette décision a transformé l’espace culturel d’Isigny-le-Buat en tribunal correction­nel où chacun a défendu ses positions.

« Ça me booste cette annonce »

« Habituelle­ment, on tourne plutôt aux alentours de 150 à 200 personnes », précise John Kaniowsky, président des Amis du Barrage. Jeudi, elles étaient 300. Un public venu « pour voir si on allait baisser les bras ou si on allait se battre ». Sans surprise, c’est la deuxième option qui a été choisie par Les Amis du

Barrage : « Ça me booste, une annonce comme celle-là », s’est

il enthousias­mé. « Ça n’est pas la première fois qu’un ministre nous dit qu’il veut casser nos barrages. On est toujours debout. On va combattre cette décision. »

Un courrier au ministre Nicolas Hulot

Pour mener ce combat, l’associatio­n de défense des ouvrages a choisi la plume comme première arme. « Dans les jours

qui viennent, je vais envoyer un courrier au ministre » , a annoncé son chef de file. Pour

le reste, « nous allons accroître notre vigilance sur les travaux de gestion sédimentai­re en cours, demander des informatio­ns régulières, des actions dynamiques et ponctuelle­s sont envisagées ainsi que la saisine d’un juge administra­tif en cas d’irrégulari­té. » Galvanisée par cette déterminat­ion, la salle s’est montrée impatiente d’agir. « On pourrait, dès ce soir, décider et mettre en place des actions ? » a suggéré une participan­te. Mais pour le plan

de bataille, il va falloir « être patient », tempère John Kaniowsky. « On ne peut pas attaquer un stupide communiqué. On attend un arrêté officiel qui aille avec cette décision. On attaquera les choses attaquable­s. Ils (les personnes présentes à l’assemblée) attendent un plan d’actions, ils vont l’avoir », promet le fervent défenseur des barrages.

Les élus jugés coupables

Les Amis du Barrage ont longuement laissé le public poser ses questions et malmener le peu d’élus présents. La suppléante du député, Marie-Hélène Fillatre, était

la première à être entendue. « Ça n’est pas le député qui prend la décision d’arasement des barrages », a-t-elle tenté pour défendre Bertrand Sorre (LREM). « Le dossier, il ne l’a pas pris », a pointé Roger Lebeurrier, vice-président de l’associatio­n.

L’élu le plus critiqué a été Erick Goupil. Le maire d’Isigny-le-Buat a dû s’expliquer sur sa visite ministérie­lle (lire ci-contre) menée en juillet avec Jean Bizet, sénateur ; Jacky Bouvet, maire de Saint-Martin-deLandelle­s et président du syndicat mixte de la Sélune ; et Gilbert Badiou, maire de Saint-Hilaire-duHarcouët et président du syndicat mixte du Pays de la Baie. allé demander : qu’est-ce que vous faites de ces barrages ? On n’est pas décisionna­ire. »

Les scientifiq­ues pris pour cible

Ce fut ensuite au tour des scientifiq­ues de passer au banc des accusés. Présents pour filmer l’assemblée dans le cadre de leurs recherches, ces chercheurs ont vu leur impartiali­té être remise en cause. « L’Agence de l’eau, qui finance le programme scientifiq­ue pour lequel nous travaillon­s, ne tient pas notre plume », a insisté Marie-Anne Germaine, enseignant-chercheur.

L’assemblée générale s’est achevée sur l’interventi­on de l’ancien député Guénhaël Huet, chaleureus­ement applaudi. « On vit un vrai scandale. Tous les engagement­s pris ont été violés. Il n’y a aucun argument objectif dans cette annonce. Il faut continuer à se battre. »

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ?? Les élus, Erick Goupil en première ligne, ont été malmenés lors de l’assemblée générale des Amis du Barrage, jeudi 16 novembre, devant les quelque 300 personnes présentes.
Les élus, Erick Goupil en première ligne, ont été malmenés lors de l’assemblée générale des Amis du Barrage, jeudi 16 novembre, devant les quelque 300 personnes présentes.

Newspapers in French

Newspapers from France