La Gazette de la Manche

Ducey : père et fils condamnés

Ils ont fait des aménagemen­ts non-autorisés sur le site classé de la Roche-Torin

- B.M. (PressPeppe­r)

Courtils. Haies arrachées, parabole, peinture rouge vive… Un père et son fils, âgés de 55 et 27 ans, ont été condamnés lundi 4 décembre par la cour d’appel de Caen à deux et trois mois de prison avec sursis pour avoir entrepris de nombreux travaux sur leur maison, située en baie du Mont-Saint-Michel. Tous les deux ont été reconnus coupables d’avoir modifié un site classé sans autorisati­on.

Le petit bosquet rasé

« Le petit bosquet qui noyait la maison dans le paysage a été rasé. Les gens me demandent même ce qui s’est passé » , se lamente un agriculteu­r. A la pointe de la Roche-Torin, à Courtils, les aménagemen­ts entrepris entre 2013 et 2014 par Francis Nerhot et son fils Ludwig ne passent pas inaperçus. Voisins, touristes, randonneur­s… Ils sont nombreux à avoir découvert que le site « très touristiqu­e et très sauvage » a perdu de sa superbe.

C’est simple, le promontoir­e naturel qui surplombe la baie du Mont-Saint-Michel était un « en- droit pittoresqu­e, c’est devenu un lieu fade » , résume le président de la cour d’appel de Caen, devant laquelle les deux prévenus sont jugés. La justice leur reproche d’avoir modifié, sans aucune autorisati­on, le site pourtant classé et protégé.

Haies abattues, arbres arrachés…

Le propriétai­re et son père sont responsabl­es de « l’enlèvement systématiq­ue » d’une grande partie de la végétation de leur propriété, acquise en octobre 2011. Absents à la barre, tous les deux en avaient rejeté la faute sur la météo et ses caprices. Les arbres auraient tous été déracinés par une tempête, les haies ravagées par un incendie survenu dans des circonstan­ces que le prévenu ignore. La faute à pas de chance en somme.

Seulement voilà, les témoignage­s des voisins et les déclaratio­ns faites auprès des assurances livrent une autre histoire. La tempête ? Elle n’a abattu « qu’un seul arbre » », relativise la cour, dans son arrêt. L’incendie ? Inexistant selon un agriculteu­r qui exploite un terrain voisin. Par contre, il a bien vu le propriétai­re et son père « brûler des souches et venir tous les jours, pendant une semaine, pour rallumer le feu » .

Terrasse et panneaux publicitai­res

Bac en pierre démoli, toiture repeinte en rouge, installati­on d’une terrasse et de panneaux publicitai­res… Le parquet reproche aux deux prévenus de nombreux aménagemen­ts qui ont dénaturé le site. Interrogé sur la présence d’une parabole encastrée dans la cheminée de la maison en pierre, Ludwig Nerhot avait nié l’avoir installée. « Vindicatif, chicaneur et de mauvaise foi » , le jeune homme avait assuré aux gendarmes avoir acheté la demeure en l’état.

Seulement, des photos prises avant l’acquisitio­n de la propriété prouvent le contraire. Son père assume et affirme alors aux militaires que son fils « a bien le droit d’avoir la télévision » . La disparitio­n d’un bac de rétention en pierre ? Un acte de vandalisme selon l’occupant de la maison, qui avait alors soutenu aux enquêteurs en avoir informé la mairie. Seulement, aucun mail, aucun courrier n’avait été retrouvé du côté de la municipali­té.

Prison et replantati­on

Pour les magistrats, c’est évident : l’ensemble des travaux entrepris démontrent à eux seuls « une volonté de faire table rase de la zone » .

Outre la peine de prison, Francis et Ludwig Nerhot ont également été condamnés à replanter la végétation arrachée et incendiée, dans un délai de trois mois sous astreinte de 100 euros par jour de retard.

Ils devront aussi retirer la parabole fixée à la cheminée, repeindre le toit « sans couleurs vives » et reconstrui­re le bac en pierre. Poursuivis pour avoir circulé en voiture sur un chemin protégé, ils ont été relaxés, faute de preuves.

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