Des guides racontent l’histoire d’une légende de la baie
Thierry Seni et Gilbert Lemetayer, guide dans la baie, s’intéressent à l’histoire du Marquis de Tombelaine. Cette légende a dominé les autres par sa prestance et son physique.
Jean Gautier, plus connu sous le surnom de Marquis de Tombelaine, est une véritable légende. Cet homme a vécu, fin XIX siècle, au Mont Saint-Michel et pourtant on ne se sait pas grand-chose de lui. Le Marquis apparaît dans quelques photographies pittoresques et divers textes d’écrivains. Deux guides de la baie, Thierry Seni, de Dragey, et Gilbert Lemetayer, de Vains, ont décidé de rétablir la vérité. Après des mois de recherches, ils ont organisé une conférence à Genêts. des pieds difformes et une énorme barbe. Le stéréotype parfait du Breton viril qui affronte la mer, avec courage, par opposition aux citadins dégénérés, ramollis » . On retrouve un autre Marquis à Saint-Malo, un moniteur de natation, admiré, sur un dessin, par deux jeunes citadines.
Un guide touristique
Jean Gautier est d’abord photographié en compagnie d’autres pêcheurs, au pied de la chapelle Saint-Aubert du Mont. « Comme il domine les autres par sa prestance, on l’isole et, par la suite on le prendra en photo, seul », précise Thierry Seni. Au Mont Saint-Michel, Jean Gautier guide les touristes vers le musée tenu par M. Maquaire. Celui l’utilise à son profit. Il écrit, dans ses plaquettes touristiques, quelques textes élogieux sur le Marquis de Tombelaine et voilà sa légende en marche !
Un écrivain en parle
« Un écrivain le met en scène dans une histoire incroyable », poursuit Gilbert. Alors que Jean Gautier dort dans une grange, un montreur d’ours arrive dans le pays. Des plaisantins paient notre homme pour lâcher son ours dans la grange ! Pas de réaction du Marquis. On s’inquiète, on entre dans la grange. Stupeur, Jean Gautier est endormi, bien au chaud, sur l’ours qu’ il a étouffé de ses mains ! « C’est une invention, bien sûr » .
Il est mort noyé
Jean Gautier meurt, noyé, à l’âge de 36 ans, en décembre 1892. Son cadavre est retrouvé devant le littoral de Colombel, à Saint-Broladre, commune où il est enterré dans la fosse commune. « N’ayant pas de familles, la municipalité paie son inhumation » , explique l’écrivain Etienne Dupond. Il figure sur le registre de la commune sous le nom de Jean Déluge ou Jean de Tombelaine.