La Gazette de la Manche

La vidange du barrage contestée au tribunal

- BM (PressPeppe­r)

Isigny-le-Buat. Le rapporteur public a proposé mercredi 17 janvier au tribunal administra­tif de Caen (Calvados) de donner son feu vert à la vidange du barrage de Vézins (Manche). Autorisée par le préfet de la Manche le 3 mars 2016, l’opération est aujourd’hui contestée par un habitant d’Avranches et par la fédération de la Manche pour la pêche et la protection des milieux aquatiques.

« Catastroph­e écologique »

Chercheur à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) de Paris, Bernard Kitous a demandé au tribunal d’annuler l’arrêté litigieux et de condamner l’état à lui verser 2.000 euros pour ses frais de justice. Présent à l’audience du vendredi 19 janvier, l’Avranchina­is a dénoncé « une véritable catastroph­e écologique » .

Pour les requérants, cette vidange ne serait en effet qu’une première étape visant en fait à démolir l’édifice. Dans ses conclusion­s, le rapporteur public (magistrat dont le rôle est de conseiller les juges administra­tifs) a constaté d’emblée que « cette décision présente des liens avec le devenir même du barrage » .

Début novembre, le ministre de la transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, a en effet validé la destructio­n des barrages hydroélect­riques de Vézins et de La Roche-qui-Boit. Le gouverneme­nt entend rétablir « la continuité écologique » du fleuve la Sélune, qui se jette dans la baie du Mont-Saint-Michel, et sa biodiversi­té. L’opération doit débuter au printemps prochain.

Seulement, pour le magistrat, les arguments des requérants sont hors propos. À ce stade du dossier, « il ne s’agit pas de détruire le barrage, mais de le vidanger » , souligne le magistrat. « La thèse de l’arasement n’est établie par aucun élément » , tranche Benoit Blondel.

Une facture plus salée que prévue ?

Pour la fédération de pêcheurs, la vidange risquerait surtout de provoquer l’ouverture d’une brèche dans l’édifice. Une vidange dont le coût aurait été volontaire­ment sous-évalué, insiste pour sa part Bernard Kitous. Prenant exemple sur celle pratiquée sur le barrage de Guerlédan (Morbihan), le requérant estime que la facture sera plus salée que prévue. « Elle dépassera de dix millions d’euros le budget. On atteindra au total plus de cinquante millions d’euros » , dénonce l’enseignant.

Le tribunal administra­tif de Caen a mis sa décision en délibéré. Il rendra son jugement d’ici un mois environ.

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