La Gazette de la Manche

« Si je n’avais pas eu l’écriture, je serais mort »

Le Louvignéen Serge Prioul n’était pas destiné à devenir poète. Il vient pourtant d’écrire Faute de preuves, son 2e recueil de poèmes.

- Céline Montécot

Louvigné- du- Désert. Un fils de tailleur de pierre qui taille la langue française en poèmes. Un enfant sorti du système scolaire en seconde et qui dompte les mots en vers. Un ouvrier du textile devenu écrivain. Un dépendant à l’alcool devenu «dépendant à l’écriture». Serge Prioul est tout ça à la fois.

À 62 ans, ce Louvignéen publie son deuxième recueil de poèmes, Faute de preuves, et poursuit ainsi son aventure littéraire hors du commun et insoupçonn­é.

« Colette Bouffant m’a ouvert à la poésie »

Le prologue de cette aventure se déroule au collège Jules-Verne de Saint- Hilaire- du- Harcouët, où Serge Prioul était scolarisé. « Colette Bouffant, ma professeur­e de français en 4e et 3e, m’a ouvert à la poésie. » Serge Prioul se passionne pour ce genre littéraire. « J’ai été subjugué par les poèmes de François Villon, comme La Ballade des Pen

dus. » Cette professeur­e, a qui il dédicace son ouvrage, « [l’] a fait aimer la poésie. C’est grâce à elle qu’[il] écrit. » tile. La poésie s’éloigne mais ne le quitte pas. Il continue à l’apprécier, comme simple lecteur.

C’est la maladie qui va le ramener à ses premiers amours pour la poésie. « En 1995 », alors qu’il souffre d’alcoolisme, il s’inscrit à un atelier d’écriture. Dans ce genre d’atelier, « on commence toujours par écrire sur soi. On se découvre à travers les mots et on prend conscience de qui on est. »

Des mots sur des maux. « L’écriture m’a emmené quelque part. Si je n’avais pas eu l’écriture pour me sortir de l’alcoolisme, je serais mort. » Serge Prioul a remplacé une addiction par une autre. « Je suis devenu dépendant à l’écriture. »

Du « collectage »

« Une belle dépendance » qui se manifeste par un calepin, toujours à portée de main, sur lequel il écrit des fragments de quotidien. « Je fais du collectage : je regarde les gens, j’observe autour de moi, je note une rencontre, une anecdote… sur la page de droite, uniquement. »

Un chien errant, un petit-déjeuner, une serveuse étourdie… « Attentif à la présence des êtres et des choses, Serge Prioul avance en collectant des brides de réalité qu’il met en forme dans ce livre de bord très intuitif et profondéme­nt humain », dira de lui le poète Jacques Josse, qui préface le recueil.

C’est une autre poète, Sylvie Durbec, qui l’a poussé à publier ses écrits. Son premier recueil, Carnets

du Barroso, est sorti en 2014. Dans Faute de preuves, le Louvignéen rend hommage à ses racines, à son milieu ouvrier. « C’est une fresque de ma vie. »

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