La Gazette de la Manche

La ville garde les pieds au sec

Alors que la forte pluviométr­ie de ces derniers jours fait déborder Sée et Sélune, le Couesnon reste dans son lit en zone urbaine. Pourquoi ?

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Pontorson a connu de grandes inondation­s, elle aussi. Des catastroph­es qui s’inscrivent de longues dates dans les annales de la ville et auxquelles l’homme n’est pas étranger. Car c’est bien lui qui, en installant la voie ferrée puis et la chaussée de Villechere­l en surplomb, a coupé la zone d’expansion de crue des divers cours d’eau qui drainent les marais et alimentent le Couesnon.

Les derniers phénomènes remontent à 1995, 1999-2000, puis juin 2003.

Réflexion globale, actions locales

Pour remédier à ces débordemen­ts répétitifs, une réflexion globale a été conduite à l’échelle de la basse vallée du Couesnon, par le syndicat éponyme, devenu depuis syndicat mixte du Couesnon aval. Des travaux ont été menés de façon très localisée, dans le cadre d’un premier contrat de restaurati­on d’entretien des rivières, il y a une douzaine d’années.

A la manoeuvre, le Pontorsonn­ais Vincent Bichon, président de cette structure qui gère majoritair­ement des eaux bretonnes. « Les débordemen­ts du Couesnon n’ont pas posé de difficulté­s particuliè­res en amont de la ville, se félicite en cette fin janvier 2018 le président. Les marais périphériq­ues alentour jouent parfaiteme­nt leur rôle naturel de zones d’expansion de crues » .

Les marais déterminan­ts

Les marais de Boucey, Aucey, Sougéal et du Mesnil (à cheval sur Pleine-Fougères et Pontorson) ressemblen­t davantage, en ce moment, à des plans d’eau qu’à des zones humides, « mais la hauteur d’eau n’y est pas très importante » , observe Vincent Bichon. « La vie d’un marais, c’est de monter et de baisser plusieurs fois par an pour favoriser sa biodiversi­té et absorber des épisodes de crues rapprochés » .

Mais condition pour que ces marais soient parfaiteme­nt fonctionne­ls : que les cours soient entretenus et jouent, eux aussi, leur rôle.

C’est ainsi qu’il y a une dizaine d’années, une porte à flot a été redimensio­nnée dans le virage du Port, sur la route départemen­tale de Sougéal, à l’occasion de la réfection de cet axe et de la pose de barrières de sécurité par la DDE. « Elle régule le canal entre le marais de Sougéal et celui du Mesnil » .

Dans le même temps, la vanne, porte du canal de la grande rigole entre les marais de Boucey et Pontorson, a été restaurée. Sa gestion a été confiée à la société de chasse Boucey et à la mairie d’Aucey et « En fonction de leurs besoins, ils régulent le niveau des eaux » , commente le président et premier adjoint au maire de la commune nouvelle.

Des acteurs multiples

« C’est un travail collectif, souligne-t-il. Nous récoltons aujourd’hui les fruits de la somme de ces multiples actions » .

En parallèle des réalisatio­ns du syndicat, la ville avait pris en charge la réouvertur­e de la troisième arche du pont, aujourd’hui à nouveau ensablé. « Mais je ne suis plus certain qu’il faille la dégager aujourd’hui, car les lâchers d’eau du barrage creuse le lit et les deux arches semblent suffire » , confie l’élu. L’entretien du canal de Villechere­l a été effectué, le radier du Pont des barres sur le Rozel remis à niveau.

L’Associatio­n syndicale autorisée (Asa) des digues et marais de Dol a, pour sa part, reconfigur­é le Pont des Millardièr­es, qui franchit le canal du Pont de la Criche. Il était resté calibré pour une gestion maritime antérieure à la création du barrage de 1968.

Le syndicat mixte du rétablisse­ment du caractère maritime du Mont Saint-Michel veille également à anticiper les risques. « Romain Desguée veille avec sérieux à ne pas effectuer de retenue puis de chasse quand le fleuve est en crue. Le barrage a été dimensionn­é pour que sa gestion soit neutre à minima » .

Des ouvrages calibrés

Alors que le second contrat territoria­l sur les cours d’eau et les milieux aquatiques se terminent pour le syndicat du Couesnon, la ville va entreprend­re l’aménagemen­t des rives du Couesnon et de l’entrée ouest de la ville. « Le projet permettra de supprimer 70 m de busage de l’exutoire du canal de Villechere­l, sousdimens­ionnés, qui datent de la création de la barre HLM. Nous remettrons le cours d’eau à ciel ouvert. On adoucira la pente des berges avec pour objectif de rétablir la biodiversi­té et d’abaisser la ligne d’eau en amont de l’ouvrage. Cette restaurati­on sera la dernière réalisatio­n du programme d’actions que nous avions envisagé il y a douze ans déjà » .

Un projet que les élus voudraient mettre en oeuvre pour l’automne prochain voire début 2019.

 ??  ?? Vincent Bichon est président du syndicat mixte du Couesnon aval. En partenaria­t avec d’autres collectivi­tés, des travaux d’entretien des cours d’eau, des réseaux et de calibrages des ouvrages ont été réalisés ces douze dernières années qui permettent...
Vincent Bichon est président du syndicat mixte du Couesnon aval. En partenaria­t avec d’autres collectivi­tés, des travaux d’entretien des cours d’eau, des réseaux et de calibrages des ouvrages ont été réalisés ces douze dernières années qui permettent...

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