Quelles crues sans barrages ?
Oui pour Les Amis du Barrage. L’association anti-arasement apporte quelques nuances aux données et conclusions de l’« Expertise sur le rôle des barrages de la Sélune lors des crues ». Le président de l’association de défense des barrages, John Kaniowsky, rejoint les conclusions du rapport sur l’absence d’écrêtement des crues par les barrages « mais on ne peut pas dire qu’ils n’ont aucun effet sur les crues. Ils les retardent. Non pas seulement de « deux à six heures » mais de deux jours. Ce n’est pas négligeable pour les habitants concernés. Ça leur laisse le temps de prendre leurs précautions. »
Il souligne que « depuis 2000 (dernière crue étudiée dans ce rapport), la cote d’exploitation du barrage de Vezins a été abaissée de deux mètres en période hivernale pour éviter les inondations. Ce qui permet de stocker plus d’eau en cas de forte pluviométrie. C’est ce qu’on observe ces derniers temps, le niveau du lac de Vezins a augmenté. »
D’autre part, le défenseur des barrages remet en cause les données publiées par Vigicrues. « Ça n’est pas complètement exact. Ça ne correspond pas à la vérité constatée sur le terrain. »
Non pour Les Amis de la Sélune. « Si les barrages écrêtent les petites et moyennes crues, selon le niveau de remplissage du lac préalable aux épisodes de précipitations, ils ne peuvent contenir de l’eau que jusqu’à un certain seuil. Au-delà, ils ne peuvent qu’évacuer un débit égal à celui en amont. Passé un certain débit de la Sélune, les barrages n’ont plus d’effet sur les crues. Les ouvrages n’ont qu’un effet limité, conforté par des expertises », précise de son côté Jean- Paul Doron dans un communiqué.
Le président des Amis de la Sélune et vice- président de la Fédération nationale de la pêche souligne que la vulnérabilité de certains secteurs est en partie due au fait que « des zones naturelles d’expansion de crue attenantes sont rognées par l’urbanisation et l’édification de constructions autorisées ou non ».
Oui pour les maires. « Les barrages ont permis d’éviter l’inondation ». Les maires de Poilley et de Ducey ont alerté le préfet par courrier en date du 24 janvier. Michel Gérard et Denis Laporte expliquent que les barrages ont empêché l’inondation d’atteindre les habitations lors de la crue du 5 janvier : « Si les terres ont été largement inondées, les habitations ont été épargnées, de justesse, grâce à la retenue des eaux dans la réserve de Vezins ». Lors de la crue du 21 janvier, « la rétention provisoire des eaux dans le lac de Vezins nous a permis d’éviter le pire », assurent les maires. « Les importantes variations constatées du niveau d’eau dans la réserve de Vezins ont permis d’éviter l’inondation des parties habitées. »