La Gazette de la Manche

Une richesse au coeur de la Sée

Jean Colette, animateur du Groupement ornitholog­ique normand a expliqué la richesse de la plus petite réserve de la Manche, à Tirepied.

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Tirepied. Dimanche 11 février, une vingtaine de passionnés, chaussés de bottes, se sont retrouvés sur le parking de l’école de Tirepied. Direction, la plus petite réserve du Groupe ornitholog­ique normand section Manche (GONm), soit un pré de deux hectares, situé juste en contrebas du bourg, en zone inondable dans le lit majeur de la Sée.

Le guide de cette sortie n’était autre que Jean Collette, qui observe quasi quotidienn­ement la vie de cette petite réserve depuis 1995. Autant dire qu’il la connaît comme sa poche et sait mieux que quiconque en souligner la richesse et l’importance. « Ce pré est sous l’eau depuis deux mois, ce qui va nous permettre d’observer la circulatio­n de l’eau, de comprendre comment les oiseaux profitent de cette aubaine pour se nourrir et de se poser un certain nombre de questions en lien avec les problèmes d’inondation­s. »

La haie, rempart contre les eaux

La visite s’est organisée autour de trois points d’observatio­n : tout d’abord la haie non agricole, élargie d’un roncier, plantée perpendicu­lairement à l’axe de la vallée. « Mal entretenue » diront certains ! Au contraire, « très bien entretenue » pour les fauvettes et pouillots qui y trouvent abri, et particuliè­rement utile pour freiner la montée des eaux en aval, notamment à Ponts. « La création d’un maillage de haies denses et poreuses de ce type pourrait être considérée comme un objectif de protection contre les inon- dations », souligne Jean Collette.

Deuxième point d’observatio­n, la petite mare et ses deux fossés boisés d’une saulaie spontanée qui n’existaient pas à la création de la réserve en 1990. Le bosquet de saules est devenu un dortoir très apprécié par certaines espèces d’oiseaux. « Cette expérience montre également que la requalific­ation d’une zone humide, artificiel­le dans sa mise en place, mais spontanée quant à son évolution, est possible et rapide en terres agricoles du lit majeur de la Sée. »

Une réserve alimentair­e

Enfin, Jean Collette a attiré l’attention des visiteurs sur les rives de la Sée et les arbres qui y sont observés. « Les aulnes meurent, ce dont les oiseaux attachés au bois mort tirent profit. Par contre, les granivores disparaiss­ent. Les interventi­ons à venir devraient aussi prendre en compte ce compartime­nt de la biodiversi­té et pas seulement le lit mineur et les poissons. »

Cette promenade en zone humide a été l’occasion de profiter de la présence des mouettes rieuses et des hérons, attirés par la magnifique réserve de nourriture qu’offre ce pré inondé, d’observer les bouvreuils, très occupés à manger les bourgeons des pruniers de la haie, d’écouter le chant des pinsons et de s’imprégner de la quiétude et du foisonneme­nt de vie des lieux. « Une partie des observatio­ns effectuées sur cette réserve pourrait être transposée et adaptée à d’autres petites zones bocagères du lit majeur à moindre coût » , conclut Jean Collette avant de conclure la promenade autour d’un réconforta­nt café bien chaud.

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Jean Collette expose aux adhérents du GONm l’objet de la visite dans la plus petite réserve du groupement ornitholog­ique à Tirepied.

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