Un aéroport pour le Mont ?
Les cartes du transport aérien rebattues en Bretagne
Le grand aéroport international prévu à Notre-Dame-des-Landes ne verra donc pas le jour. Voilà qui rebat les cartes du développement aérien en Bretagne. Cela va-t-il être favorable ou non aux petits aéroports locaux comme celui de Dinard - Pleurtuit ?
Une piste sous-exploitée
Quelle est la situation de notre aéroport tout d’abord ? Celui-ci est désormais géré par la Société d’exploitation des aéroports de Rennes et Dinard, où l’on retrouve le Groupe Vinci Airports (49 %) et la CCI d’Ille-et-Vilaine (51 %). Actuellement, l’essentiel de son trafic est assuré par les deux lignes régulières vers East-Midlands (Notthingham) et Londres, proposées par la compagnie low-cost Ryanair.
En 2017, l’aéroport de Dinard - Pleurtuit a accueilli 121 697 passagers, soit une hausse de 10 % de son activité.
Tout le monde s’accorde cependant pour dire que l’équipement est sous-exploité. Techniquement, la piste dinardaise est suffisamment longue pour accueillir tout type d’avions. Sa seule limite est le nombre « d’impacts » qu’elle peut recevoir, c’est-à-dire le nombre d’avions qui peut y atterrir. Sachant qu’actuellement, sa marge est encore très confortable.
De nouvelles destinations, mais pour qui ?
Alors qu’est-ce que l’on attend pourrait-on dire ? Les élus locaux sont à peu près tous d’accord pour participer à la création de nouvelles destinations, notamment vers des pays d’Europe du Nord ou de l’Est. Certains parlent aussi du nord de l’Italie ou de l’Irlande. On pourrait aussi se dire que l’arrêt de NotreDame-des-Landes peut favoriser ce développement. Pas forcément en fait…
Il ne faut pas oublier que beaucoup d’acteurs économiques et politiques locaux ont regretté l’abandon de ce projet. Par exemple le maire de Saint-Malo, Claude Renoult : « Cela aurait créé un grand hub qui aurait profité à tout le grand Ouest de la France. Et son apparition n’aurait pas forcément été défavorable aux petits aéroports locaux comme celui de Dinard. A présent, on va être amené à repenser l’avenir de celui-ci… »
Le premier édile malouin craint surtout que la nouvelle situation crée une concurrence entre les différents aéroports régionaux : « Quand je vois que très récemment Rennes a ouvert une ligne sur Londres, alors qu’il y en a une sur Dinard, je m’interroge… »
Il demande donc à la Région de créer « un plan aérien régio
nal » , afin que les différentes installations se complètent plutôt qu’elles se tirent dans les pattes entre elles.
A ce jour, la position de la Région reste floue. Pour Dinard, la priorité semble surtout d’y pérenniser l’activité de maintenance aéronautique exercée par Sabena Technics. Quant à l’ouverture de nouvelles lignes et le partage de celles-ci entre Rennes et Dinard, rien n’a filtré pour le moment. Il faut aussi dire que cela représente un coût pour les collectivités.
L’aéroport du Mont Saint-Michel ?
Le seul point sur lequel la Région veut appuyer, pour le moment, c’est la dénomination de l’aéroport. Un nouveau nom, plus porteur, du style « Destination Mont Saint-Michel ». Et ça tombe bien, la commune du Mont Saint-Michel semble d’accord. Le 6 février dernier, celle-ci a accordé à l’aéroport de Dinard - Pleurtuit le droit d’utiliser son logo à des fins commerciales. Il s’agit en effet du plus proche aéroport de la Merveille (56 kilomètres), et la création de nouvelles lignes à Dinard pourrait lui apporter des retombées économiques.
Plusieurs élus locaux du Pays de Saint-Malo appuient un tel changement de non. Mais pas tous… Sur ce sujet, la ville de Pleurtuit a d’ailleurs posé cette question sur sa page Facebook : « Pour ou contre associer le nom du Mont à celui de notre aéroport ? » On comprend donc que la question n’est pas tranchée et qu’il faudra accorder les violons.
Et ne pas attendre trop non plus. Car si les autres aéroports régionaux se mettent à ouvrir des lignes vers l’étranger, la situation se compliquera pour l’aéroport de Dinard, même s’il s’appelle Mont Saint-Michel…