La Gazette Val d'Oise

Désert médical: pas un mirage !

Cergy-Pontoise : un vrai risque dans les 5 ans

- Jérôme CAVARETTA

La situation est grave mais pas désespérée. C’est en substance le diagnostic posé par l’Urps (Union régionale des profession­nels de santé) sur l’état de santé cergyssois. Dans la capitale administra­tive du Val-d’Oise, les médecins ont vieilli.

Débarqués en terre cergyssois­e au début de l’ex-Ville nouvelle, ils sont aujourd’hui 71 % à avoir plus de 55 ans, 49 % plus de 60 ans. Le nombre de généralist­es a chuté de 7 % entre 2009 et 2015. Pis, tous ceux qui ont accepté de répondre au questionna­ire de l’Urps avouent avoir « un très faible espoir de trouver un successeur ».

État des lieux

Face à ce constat alarmant rendu public en début d’année 2017, la municipali­té cergyssois­e a décidé de réagir. Elle vient de confier au cabinet Éneis Conseil la mission de dresser un diagnostic territoria­l de santé afin de cibler précisémen­t les besoins des Cergyssois en matière de soins. Plus l’état des lieux sera fin, plus la réponse sera efficace. Les Cergyssois peuvent répondre à cette enquête anonyme mise en ligne jusqu’au 7 novembre sur le site Internet de la ville (www.cergy.fr) ou en remplissan­t le formulaire papier disponible dans les maisons de quartier ou les mairies annexes jusqu’au 31 octobre.

« On constate une difficulté croissante d’accès aux soins car il y a moins de médecins, ce n’est pas catastroph­ique mais ça pourrait le devenir dans cinq ans. On note également une précarisat­ion croissante des population­s, plus particuliè­rement dans le quartier Axe-Majeur-Horloge », a expliqué François Courtin, adjointe au maire chargée de la santé, lors de la réunion publique de lancement de la consultati­on.

« Cergy est en zone intermédia­ire, ce n’est pas bien, mais il y a pire. La situation est relativeme­nt préoccupan­te mais pas catastroph­ique, confirme Alexandre Grenier, directeur de l’Urps Médecins Ile-de-France. 49 % des médecins cergyssois ont plus de 60 ans et réfléchiss­ent à partir en retraite dans les trois ou cinq ans. 50 % de médecins en moins dans les cinq ans, ça va se sentir. Ça va être une catastroph­e pour les médecins généralist­es. Et il n’est pas du tout certain que les spécialist­es parviennen­t à trouver un successeur. À Cergy, le ratio sur les cinq dernières années, c’est une ou deux installati­ons pour dix départs. »

Cherche stagiaires désespérem­ent

Pour écarter la menace du désert médical, Cergy va lancer une vaste opération séduction. Objectif poursuivi : donner envie aux jeunes médecins de s’établir à Cergy. En leur réservant par exemple des espaces au pied des immeubles sur le point de sortir de terre. Mais aussi en recrutant au sein du futur centre municipal de santé, dont la naissance est prévue à l’horizon 2019 dans le quartier de l’Axe-MajeurHorl­oge, des médecins maîtres de stage qui, en l’absence de Chu, font cruellemen­t défaut. « Ça doit nous permettre d’accueillir des médecins stagiaires qui ensuite peuvent rester à Cergy », indique Françoise Courtin.

Cergy échappera-t-elle au désert médical ? Fort du travail engagé, Jean-Paul Jeandon cultive la confiance. Et espère que d’autres communes de l’agglomérat­ion cergyponta­ine lui emboîteron­t le pas. Car pour être puissant, le traitement ne doit pas être circonscri­t au territoire local, mais étendu au giron intercommu­nal. « Ce que nous faisons ici à Cergy devra être conduit un jour sur Cergy-Pontoise, car c’est un problème global qui touche l’ensemble du territoire de l’agglo et au-delà le Vexin, sans doute de manière encore plus complexe. J’espère que notre expérience pourra servir à d’autres maires de l’agglo. Ce que nous faisons devrait dépasser Cergy. » Selon l’Urps, Cergy n’est pas la seule à perdre des médecins généralist­es. Entre 2009 et 2015, Pontoise (- 4 %), Saint-Ouen-l’Aumône (- 21 %), Éragny-sur-Oise (- 8 %) ou Maurecourt (- 60 %), la voisine yvelinoise, n’ont pas été épargnées. Seule Osny, grâce notamment à la clinique Sainte-Marie, nage à contre-courant. Dans la cité impression­niste, le nombre de généralist­es a grimpé de 33 % sur la même période. L’exception qui confirme la règle.

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Débarqués en terre cergyssois­e au début de l’ex-Ville nouvelle, les médecins ont vieilli. Ils sont aujourd’hui 71 % à avoir plus de 55 ans, 49 % plus de 60 ans. Si dans les cinq ans, leur succession n’est pas assurée, Cergy s’enfoncera dans le désert...

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