La Gazette Val d'Oise

Trois ans de prison ferme pour l’ex-employé de la Stivo

- Maxime LAFFIAC

Agent de médiation de la société de transports interurbai­ns du Val-d’Oise (Stivo), Sekou S. rêvait de devenir chauffeur de bus. Mais à face aux nombreux refus de ses supérieurs, l’homme de 29 ans, originaire de Gonesse, a fini par perdre les pédales oubliant son rêve. Mercredi 8 novembre Sekou a été condamné à trois ans de prison ferme et un an de sursis avec mise à l’épreuve pour avoir volontaire­ment mis le feu à un bus de la Stivo aux Louvrais, ainsi qu’à la voiture de fonction du responsabl­e des agents de médiation, à Pontoise. Écroué, à sa sortie de détention, il sera également interdit de séjour à Cergy et à Pontoise, pendant trois ans.

L’homme de 29 ans avait agi le 11 octobre, alors que les bus de la Stivo avaient la cible de onze caillassag­es entre le 22 septembre et le 4 octobre. L’agent de médiation a profité du climat social extrêmment tendu dans le quartier des Louvrais pour faire justice lui-même. « Cela faisait un moment que je voulais devenir chauffeur de bus, mais l’entreprise m’a mené en bateau », explique le prévenu, employé à la Stivo depuis plus de six ans. Muni d’un chiffon et d’une bouteille contenant de l’essence, il s’est rendu à Pontoise et a mis le feu à la roue avant gauche d’un bus de la ligne 42, avant de s’enfuir. « J’étais le meilleur agent de médiation de la boîte, estime le jeune homme. Je voyais plusieurs de mes collègues devenir chauffeur avant moi et je ne l’ai pas supporté. » Son action avait engendré plusieurs turbulence­s dans le quartier : plus aucun bus ne desservait le quartier et les chauffeurs avaient exercé leur droit de retrait. « J’ai vérifié qu’il n’y avait personne dans le véhicule. Je ne voulais blesser personne », se défend il.

Il voulait ramener la paix sociale

Quelques jours plus tard, le 19 octobre, il s’en prend cette fois-ci au véhicule de fonction de son responsabl­e. « Je connaissai­s son emploi du temps », explique Sekou. En usant du même mode opératoire, la voiture s’embrase rapidement et le feu se propage à deux autres véhicules. « On ne peut pas mesurer les conséquenc­es d’un incendie. Vous étiez conscient que les voitures étaient près des habitation­s ? », tance la présidente du tribunal.

Pour justifier ses actes, le prévenu explique sans rire qu’il espérait être reconnu par ses employeurs comme l’homme de la situation, capable de ramener la paix sociale dans le quartier. « Je m’occupais de ce secteur. Je pensais que, si l’entreprise voyait que je contrôlais les choses, ils auraient pu me rendre la pareille. »

« Au lieu d’instituer la paix sociale, vous avez créé du désordre », rétorque la présidente. Et le procureur d’insister : « Il a joué à la politique du pire : au lieu d’éteindre le brasier, il l’a attisé ! Il a réussi à instaurer un climat encore plus tendu dans le quartier. »

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