Le Premier ministre au chevet de l’hôpital
« Refonder notre système de santé. » Le Premier ministre s’est rendu, mardi 13 février, au côté d’Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, à l’hôpital Simone-Veil d’Eaubonne, où un comité d’accueil de la Cgt les attendait à l’entrée. « Nous sommes là pour dire la souffrance du personnel hospitalier, explique Sébastien Davignon, infirmier à l’hôpital d’Argenteuil. On travaille à flux tendus. » Julien Bonnouvrier, hospitalier à Eaubonne, ne dit pas autre chose : « Il manque du personnel dans tous les services. Il faudrait 300 à 400 infirmier(e)s de plus à Eaubonne. ».
« Réparer les vivants »
Dans ce contexte social, Édouard Philippe entend engager une « transformation en profondeur ». Pour « réparer » le système de santé, Édouard Philippe a utilisé la métaphore, avec « Réparer les vivants », magnifique film tiré d’un roman de Maylis de Kerangal (« un Havrais », a rappelé l’ancien maire du Havre). La santé, avec 200 millions d’euros, reste le « premier budget public ». Le Premier ministre a rappelé qu’il y a vingt ans, « on parlait du trou de la Sécu, qui était aussi célèbre que celui de la couche d’ozone. Les efforts ont donné des résultats. La Sécurité sociale sera à l’équilibre en 2020 ». Le chef du gouvernement ne veut pas d’une « énième réforme », mais d’une réforme « méthodique et globale ». Il se donne trois mois pour rassembler autour d’une même table professionnels et représentants des usagers, pour « bâtir quelque chose de durable ».
Ciblant plusieurs « faiblesses », comme le manque d’investissement dans la prévention et la difficulté d’accès aux soins, Édouard Philippe propose « un sens et une boussole » avec « cinq grands chantiers ». Le premier portera sur la qualité des soins. Les propositions sont attendues pour l’été 2018. « Je souhaite que la satisfaction des patients soit régulièrement mesurée », a expliqué le chef du gouvernement, qui a aussi évoqué la question du financement de l’acte médical. Une « taskforce » sera mise en place à ce sujet. « Pas question de supprimer la tarification à l’acte », a-t-il précisé.
Il a également évoqué le numérique. « Il est temps d’adopter un plan d’accessibilité en ligne de l’ensemble des données médicales. C’est compliqué, mais pas impossible. » Il compte y arriver pour 2022.
Données médicales
Enfin, le Premier ministre veut mettre en place un « service sanitaire » pour chaque étudiant en santé, qui devra exercer une « mission de prévention dans les écoles et les collèges ». Il souhaite enfin « corriger les dysfonctionnements » qui conduisent à l’échec des étudiants en médecine, parlant à ce propos de « gâchis ». Il propose une réflexion « sans tabou » autour du numerus clausus.
Édouard Philippe a enfin évoqué la question de l’organisation territoriale des soins. Comme en écho aux propos de Michèle Berthy, maire de Montmorency, qui assure en ce moment (en alternance avec le maire d’Eaubonne, Grégoire Dublineau) la présidence du conseil de surveillance de l’hôpital. Celle-ci avait évoqué la fusion entre les hôpitaux de Montmorency et Eaubonne. « Il faut tisser des liens entre les soins de ville et l’hôpital » a insisté le chef du gouvernement. Avant de conclure : « le temps des rafistolages est révolu ».