La police municipale dégaine ses caméras
Cergy n’a pas été retenue pour expérimenter la police de sécurité du quotidien. Mais elle vient d’équiper sa police municipale de caméras-piétons…
Jean-Paul Jeandon, le maire Ps de Cergy, en avait fait la demande. Il n’a pas été entendu. Jeudi 8 février, le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, a dévoilé la liste des villes qui bénéficieront dès septembre 2018 des renforts de la police de sécurité du quotidien (Psq). Dans le Val-d’Oise, seules Garges et Sarcelles y figurent.
« Le dispositif de police de sécurité du quotidien à Cergy aurait permis d’augmenter le nombre de policiers nationaux et de développer le dialogue entre les habitants et la police », a réagi, dès le lendemain, le maire de Cergy. Privé de la Psq, le socialiste n’a pas renoncé à disposer d’effectifs policiers supplémentaires. « Saisi régulièrement par certains administrés sur des problématiques d’incivilités », il vient de renouveler « tout en prenant acte de la décision du ministère, sa demande d’augmentation des effectifs de police de proximité sur le territoire ».
Apaiser les conflits
En attendant d’être enfin (peut-être) entendue, Cergy, qui a jusqu’ici toujours refusé d’armer sa police municipale forte de 36 agents, ne baisse pas les bras. En plus de la montée en puissance de la vidéotranquillité courant 2018 (58 à 92 caméras), la commune a équipé sa police municipale de caméras-piétons. Une expérimentation menée depuis fin janvier et jusqu’à début juin afin de protéger ses agents et apaiser les conflits. « L’idée, c’est de remettre du lien entre la police et la population, souligne Jean-Paul Jeandon. Il y a un dialogue qui peut se mettre en place quand on est filmé. Sinon, c’est la parole de l’un contre celle de l’autre. Ça permettra également de se faire un meilleur jugement en cas de dérapage avec des éléments de preuve irréfutables ».
Concrètement, jusqu’à juin, quatre équipages, composés de trois agents, sont dotés d’une caméra-piéton lors de leurs interventions, de 8h à 20h. Le chef d’unité, le directeur de la police municipale et son adjoint ainsi que le maire sont les seuls habilités à visionner les images captées. Conservées six mois, elles peuvent être utilisées à charge. Et les usagers, quels sont leurs droits dans cette affaire ? Ils doivent obligatoirement être avisés par l’agent de la mise en route de la caméra. Un signal visuel doit par ailleurs montrer que l’enregistrement est en cours. Enfin, ils ont un droit d’accès indirect aux images. Indirect parce qu’ils doivent en formuler la demande en adressant un courrier au maire.
Au terme de cette expérimentation de quatre mois, un bilan sera établi. Il devra dire si le dispositif est utile. Et s’il doit perdurer.