La Marne (édition Meaux)

Une web série sur le patrimoine du village

Chaque dimanche, La Renarde livre un nouvel épisode de 10 minutes, sur internet. Au-delà de la prouesse technique, la réalisatri­ce se livre et parle du patrimoine de Cocherel.

- Pierre Serizay

Les secrets de familles, ça nous ronge

C’est autant l’histoire de sa famille, un peu romancée, que celle de Cocherel, véridique. Les racines de Françoise Arnold, la réalisatri­ce de La Renarde sont plongées dans les forêts et les carrières de gypse.

Les fours à plâtre, elle les a redécouver­ts en y retournant, au début des années 2010. L’une de ses tantes, qui vit en Suisse, lui demande alors de vider la maison de famille de Cocherel. « J’ai eu besoin d’écrire une histoire en retrouvant des séries de photos dispersées entre les différents parents », explique Françoise Arnold.

Des carrières au « bois de la femme morte »

C’est en fait la maison de son arrière-grand-père, Albert Boisard. L’homme a eu une vie tourmentée, jusqu’à être fait prisonnier sur le front pendant la Première Guerre mondiale. La légende familiale dit qu’il serait le fils illégitime du Général Boulanger et d’Elvire Liégeois. Ce dernier aurait même étranglé sa femme en apprenant qu’Albert n’était pas de lui. D’où le nom du bois, entre Cocherel et La Trousse, qu’on dit « de

la femme morte ». Françoise Arnold a bien constaté que cette femme était née à Cocherel, mais n’a pas retrouvé de trace de son décès. Elvire Liégeois est au coeur de l’épisode de dimanche prochain. Dans chaque épisode, l’arbre généalogiq­ue des protagonis­tes peut être facilement consulté.

De Sparte à Cocherel, de l’Antiquité au XIXe

« Les secrets de famille, même s’ils sont fantasmés, nous rongent. Il y a des nondits qui font un véritable malaise », explique la réalisatri­ce. L’introspect­ion à laquelle elle se livre est le reflet de ce malaise. D’où le titre de son web-feuilleton, qui fait référence à une histoire apprise à l’école, et par laquelle le premier épisode débute. « À Sparte, un enfant qui avait volé un renard l’aurait caché sous son manteau pour ne pas devoir dénoncer son délit, explique Françoise Arnold. L’animal lui aurait alors déchiré le ventre et mangé les entrailles. Un secret de famille est un peu la même chose : ça vous pourrit de l’intérieur. » En mettant son titre au féminin, elle veut dire qu’il s’agit avant tout d’une histoire de femmes, et en particulie­r de l’une d’entre elle, Elvire, qui choisit de s’émanciper au XIXe siècle. Le nom, Liegeois, revêt une importance capitale. En effet, Françoise Arnold s’est rendu compte que les cadastres de l’époque faisaient même état des « trous à Liégeois », aux abords de Cocherel. « Il s’agissait probableme­nt des carrières d’où on exploitait le gypse pour faire du plâtre ! » Elle rappelle que ces cavités, qui creusent les sous-sols du pays de l’Ourcq, n’ont pas été correcteme­nt inventorié­es à l’époque où elles ont cessé d’être utilisées. « C’est pour ça que ça pose encore bien des problèmes, aujourd’hui », note-t-elle.

Explorer les richesses du web

La réalisatri­ce a fait participer plusieurs intervenan­ts (historiens, spécialist­es du plâtre, militaires…) qui éclairent le document qu’elle propose. La

Renarde est un véritable bijou de technologi­e, qui permet de découvrir toute la richesse du web dans les nouveaux formats de journalism­e.

Dans sa Renarde, Françoise Arnold croise l’histoire et l’Histoire, celle de sa famille et celle d’un territoire. Elle dépoussièr­e les secrets, pour retracer la carte de Cocherel et de sa famille.

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Françoise Arnold ouvre les portes, parfois verrouillé­es par les secrets, de son histoire.

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