La Marne (édition Meaux)

Marine Boyer au pied du podium olympique

La Meldoise a pris une superbe 4e place en finale de la poutre en passant tout près de la médaille de bronze revenue à la triple championne olympique Simone Biles.

- Pascal Pioppi

Le sourire de Marine Boyer s’est figé l’espace d’un moment à la proclamati­on des résultats de la finale olympique de poutre. 4e pour ses premiers Jeux. Inespéré en septembre dernier où Marine a été dans l’obligation de ramer à contre-courant pour arracher à la force du poignet sa qualificat­ion. Elle seule sait exactement les efforts immenses consentis pour aller à Rio. Combien de litres de sueur, de larmes dans la salle de l’INSEP pour la Meldoise accrochée à son rêve olympique.

« J’ai frôlé le podium »

Aux portes du paradis à 0,133 point de l’Américaine Simone Biles, trois fois sacrée à Rio, et que l’on croyait (à tort) invincible, Marine ne peut qu’être fière de cette finale marquée par bon nombre de surprises liées à la pression. Passée en 7e position, dans des conditions difficiles, il a fallu assurer. Du haut de ses 16 ans, la Meldoise qui a changé de statut a tout d’une grande. Immense même avec un aplomb seulement contrarié par deux déséquilib­res qui lui coûtent le bronze, obtenu par Simones Biles qui elle, a défié les lois de la gravité en se rétablissa­nt miraculeus­ement d’une chute prévisible. « Je frôle le podium mais je suis fière de ce que j’ai réussi à faire. Je me suis fait plaisir et c’est le principal » confiait Marine quelques secondes après le verdict final. Dans les tribunes, ses parents en pleurs étaient eux aussi partagés par des sentiments contradict­oires si près d’un bonheur total : « Cela a été dur. Elle méritait d’être sur le podium. Il faut qu’elle digère car c’est la loi du sport. Elle a fait un super match, la demoiselle » nous confiait Rolande, sa maman, au cours de l’un de nos nombreux échanges par mails. Une famille en or qui aurait tant voulu être en bronze. On a tous besoin d’une petite île (de la Réunion) à soi pour y ancrer la barque des peines et des joies. Quand une famille porte ainsi un peu de son âme lointaine, elle se reconnaît à ses battements de coeur. La France a aussi palpité. Une sorte de révélation pour une jeune déesse en lévitation sur ses 10 cm de poutre.

En sport, le succès est une denrée périssable. il faut le consommer sur place. Marine a croqué dans la vie à pleines dents avec du charme, du peps, du feeling et un génie qui s’appuie sur un travail acharné, gommé par un sourire enfantin à la fois désarmant et grandiose. On ne sait pas si Marine est une demoiselle ou devenue une grande dame. Le temps se chargera de nous éclairer. Un parfum d’épopée

4e, la bouteille est donc à moitié pleine. C’est une performanc­e retentissa­nte qui prouve que l’on peut avoir un prix d’excellence sans être tout le temps premier de la classe. Cette performanc­e est un relais merveilleu­x qui consolide la continuité et se porte garant de son avenir. On sait très bien qu’à ce niveau mondial, tout se joue dans un mouchoir, celui-là même qui sert au vaincu à essuyer ses larmes. Marine doit uniquement pleurer de joie.

La tricolore vient de franchir son Himalaya. Il lui reste maintenant à pousser avec sa discrétion légendaire la porte du paradis. En attendant, son innocence gloutonne est celle du bonheur. Nous ne pouvons que la remercier pour ce parfum d’épopée.

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Marine avec Rolande et Alain, ses parents venus à Rio.

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