La vie de château sans se ruiner
Le château de La Trousse est aujourd’hui composé d’une trentaine d’appartements. Des résidences secondaires, pour la plupart. Certains propriétaires ont décidé de les louer, en particulier pendant les vacances.
Le bâtiment a été remanié au XIXe siècle. Après un violent incendie, le château a été reconstruit, au milieu de son parc de 15 hectares. Aujourd’hui, c’est justement le calme des lieux, et les reflets de l’imposant édifice dans les plans d’eau, qui attire l’oeil. Virginie* et sa famille ont décidé de louer un appartement à l’intérieur du château, pour une petite semaine « entre deux vacances. Après la Bretagne et avant de descendre dans le Sud, on n’avait pas envie de rester à Paris », explique cette psychologue.
Les Français, nouveaux propriétaires
Son mari, chef d’entreprise, et ses enfants jouent dans le parc. Elle sirote son infusion, dans un fauteuil moderne qui tranche avec le parquet véritable. En jetant un oeil sur les arbres centenaires par la fenêtre, elle se réjouit de pouvoir vivre dans des grandes pièces. « À Paris, ce n’est pas possible ! ». Eva Kasal, la propriétaire de cet appartement est française et vit au Cap-Vert. Elle a choisi d’investir pour le futur, pour sa retraite. « Je préfère acheter un patrimoine qui a une histoire plutôt que de faire construire un bloc de béton sur la Côte ou mettre de l’argent dans un paradis fiscal. ». Cette développeur web, ex-Parisienne, a eu un coup de coeur pour le cadre. Avec son petit garçon, elle va par exemple pouvoir venir cueillir les pommes au verger. Mais elle avoue que, aux confins de la Seine-et-Marne, elle a parfois du mal à louer son appartement.
Jean-Yves Janson travaille comme gardien, depuis treize ans à La Trousse. Il est catégorique : « Il y a eu un renouvellement important des propriétaires il y a quelques années. Pendant longtemps, c’était des étrangers. De plus en plus, ce sont des Français. » Si des Hollandais, Américains ou encore Libanais ont encore des appartements dans ce château seine-et-marnais, les Parisiens en quête de vert franchissent le cap. Mais en période de vacances, ils sont compliqués à joindre. Le calme à La Trousse, la culture à Paris
De son côté, Gertjan Beukes est fidèle au poste. Ce Hollandais est président du conseil syndical qui réunit les propriétaires. Il est là pour deux semaines. « Je viens un week-end par mois, une semaine l’hiver et deux l’été », précise-t-il dans un sourire. Il y a une quinzaine d’années, Gertjan Beukes travaillait à Paris, dans le secteur bancaire. Après quelques années sans venir, il décide d’acheter un appartement du château à un ami. Ce studio d’une trentaine de mètres carrés au sol, avec une mezzanine, est aménagé dans une ancienne dépendance. Sous le plafond en brique rouge, voûté, on se croirait dans une cave. Il y séjourne avec sa femme.
Un studio dans la dépendance Ensemble, ils font les courses, ils jouent avec le chat, ou bien ils profitent du soleil sur la terrasse. En toute simplicité. « C’est super, assure-t-il. On peut être ici pour le calme, et se rendre facilement à Paris pour tout ce qui est culturel par exemple ! » Depuis quelques mois, il s’est décidé à louer cet appartement. « C’est réservé sans arrêt », promet-il. Il voit surtout défiler des Parisiens et des Hollandais. Ils viennent pour voir la Mer de Sable, Disney ou encore les caves de Champagne. De 60 à 258 € la nuit
S’il constate que ses compatriotes sont nombreux à pousser le pas de sa porte, c’est peutêtre parce que son annonce sur AirBnb est écrite en hollandais. Les châtelains contemporains passent en effet par les nouveaux réseaux pour louer leurs appartements. Sur le site leader en matière de location entre particuliers, au moins trois annonces sont répertoriées au château de La Trousse. On trouve un studio à 60 euros la nuit ou bien un « charmante tour » sur trois étages plus un loft (258 euros la nuit). Il y a aussi un duplex pour 4 à 6 personnes (120 euros la nuit). Bref, toutes les bourses trouveront de quoi vivre une nuit de château.