La Marne (édition Meaux)

Les banques « oublient » 5 jours par an

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Les banques sont nombreuses à calculer les intérêts des prêts immobilier­s sur 360 jours au lieu de 365. Cinq petits jours qui font toute la différence et qui résultent d’une pratique illégale.

Christophe Lèguevaque­s, avocat, a décidé de mener une action collective contre ces pratiques.

Vanessa Réa, avocate chelloise au barreau de Meaux, nous explique le principe.

Pouvez-vous nous expliquer le fondement de votre action collective ?

Les banques calculent les intérêts des prêts immobilier­s en année Lombarde, sur 360 jours. Elles prétextent la facilité de calcul. Une nouvelle année d’intérêts redémarre donc 5 ou 6 jours plutôt. Or la loi interdit cette pratique. Et les tribunaux donnent raison à chaque fois aux propriétai­res qui vont au contentieu­x.

Pourquoi Me Lèguevaque­s a-t-il constitué cette action ?

Il a eu à instruire des dossiers similaires auparavant. Plus il y a de dossiers déposés dans cette action collective, plus notre action aura de poids, et surtout, moins les honoraires seront élevés pour les clients. Aujourd’hui, nous sommes sur un montant entre 1 300 et1 500 €.

Cette action concerne-t-elle beaucoup de propriétai­res ?

Oui, énormément de banques pratiquent l’année Lombarde. Aujourd’hui, nous avons enregistré plus de 2 000 inscriptio­ns sur la plateforme.

Comment savoir qui est concerné ?

Il suffit de regarder sur son offre de prêt, si le chiffre 360 ou les mots année Lombarde apparaisse­nt, vous pouvez participer à l’action.

Mais s’il ne s’agit que 5 ou 6 jours par an, même pour un prêt de 20 ans, le montant à récupérer semble petit, non ?

Ça ne fait qu’une centaine d’euros par an en effet, mais cette action a un autre effet : le taux d’intérêt convention­nel est remplacé par le taux d’intérêt légal. Et il est très bas. La somme grimpe alors plus fortement, d’autant que l’action est rétroactiv­e. Des propriétai­res, dont le prêt est terminé, peuvent encore prétendre récupérer cet argent.

Peut-on avoir une idée de la somme en question ?

Mon confrère, Christophe Lèguevaque­s, a créé une plateforme sur laquelle les clients peuvent faire une simulation. Mais en 2010 par exemple, le taux légal était de 0,65 %, la différence avec les taux pratiqués par les banques est très importante. (Ndlr : le taux moyen pour un prêt de 200 000 € sur 20 ans était de 3,5 % hors assurance).

Quelle est la marche à suivre ?

Il faut s’inscrire sur la plateforme avant le 15 décembre pour participer à l’action collective. Puis les avocats étudieront les dossiers pour vérifier s’ils ont dans les conditions requises. Cette première phase est gratuite.

Nous entrons ensuite en négociatio­ns avec les banques, cette phase prend trois mois. Si nous n’obtenons pas gain de cause, nous irons devant les tribunaux. Et chaque avocat référent instruira les dossiers de sa juridictio­n.

Mais nous sommes sûrs de gagner, les tribunaux donnent raison à chaque fois.

Propos recueillis par Audrey Gruaz Plateforme : www.mysmartcab.fr

 ??  ?? Un groupement d’avocats lance une action collective contre les banques. (©AlcelVisio­n - Fotolia)
Un groupement d’avocats lance une action collective contre les banques. (©AlcelVisio­n - Fotolia)

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