La Marne (édition Meaux)

Le musée rend hommage HISTOIRE. aux photograph­es de guerre

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Comment photograph­ier la guerre ? Depuis toujours, le besoin d’informatio­n a nécessité l’envoi de photorepor­ters sur les conflits. Le musée de la Grande Guerre leur rend hommage.

A l’initiative de l’exposition itinérante, Alizé Le Maoult a rencontré 34 photograph­es de guerre et les a mis en boîte : « J’ai réalisé des portraits frontaux, droits dans les yeux et dos au mur. Chaque photograph­e a choisi un cliché pris par lui lors d’un conflit et dans ces diptyques a raconté comment il a saisi l’instant et surtout ce qui l’a marqué ».

Alizé Le Maoult a voulu rendre hommage à ces témoins, elle, qui, réalisatri­ce de cinéma à ces débuts, a été très marquée par la guerre en Bosnie : « C’était la première guerre en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Je suis de la génération Sarajevo et c’est mon lien avec la guerre ».

Samedi 19 novembre, des photorepor­ters sont venus à la rencontre des visiteurs du musée pour converser et expliquer leurs clichés. Édouard Elias, Stanley Greene, Patrick Robert ou encore Véronique de Viguerie ont arpenté les allées. Régis Le sommier, directeur adjoint à la rédaction de Paris-Match, était aussi présent. Il commandait des reportages et allait également sur le théâtre des opérations.

Avec Arnaud Roiné, l’Armée française était représenté­e : « Adjudant-chef de l’Armée de terre, je dirige l’ECPA-D, en charge du travail pour les archives militaires. Pour ces photos je suis allé en Afghanista­n, en Centre-Afrique, au Tchad, en Lybie ». Et le militaire de raconter qu’il a croisé nombre de photograph­es indépendan­ts et aidé à leur protection.

Pourquoi prendre de tels risques ?

Même si les risques sont évalués, le désir d’aller au plus près des événements pour témoigner l’emporte.

« Quand Alvaro a pris une balle, nous avons galéré pour le faire rapatrier mais il s’en est sorti avec ses clichés. Chacun a accepté la dangerosit­é liée à ce métier », a raconté Régis Le Sommier.

Véronique de Viguerie a parlé de son expérience de vie : « Pour la photo que j’ai choisie sur le Nigéria, je sortais d’une période douloureus­e pendant laquelle j’avais perdu un être cher. En retournant sur le terrain, proche des combattant­s, j’ai repris goût à la vie. Une sorte de thérapie ». De Capa et le débarqueme­nt en Normandie en passant par le Vietnam, de Verdun à la Syrie, tous les photograph­es rendent compte de l’absurdité de la guerre.

« En Syrie, c’est comme en 14, avec des lignes de front qui n’ont pas bougé depuis des années, des tranchées comme au temps des Poilus ».

Pour le musée de la Grande Guerre, c’est une expo dans l’expo. Disséminée­s sur le parcours, les photograph­ies interpelle­nt et par leurs commentair­es expliquent comment et pourquoi, ils ont bravé le danger pour l’informatio­n.

Exposition Ce que leurs yeux ont vu, jusqu’au 31 décembre au musée de la Grande Guerre, rue Lazare-Ponticelli.

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