La Marne (édition Meaux)

Nawell Madani, la plus ARTISTE. Belge pour aller danser

La jolie Nawell a reçu le Globe de Cristal 2015 du meilleur one man show. Elle sera jeudi à Villeparis­is, qui piaffe déjà d’impatience. Découverte d’une femme sincère.

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Voici le parcours d’une jeune Belge qui part à la conquête de Paris. De danseuse à comédienne, Nawell nous invite aux premières loges de ses déboires, de sa première fois à ses castings et surtout à l’obtention de la fierté de son père ! Un succès fulgurant. Son spectacle est l’un de ceux qui cartonnent le plus.

Si l’artiste détonne, la femme étonne par sa disponibil­ité et sa franchise. Interview sans aucun artifice.

Quel regard portez-vous sur votre succès fulgurant ?

Je n’y pense pas vraiment car mon regard se porte dans l’action présente. Je continue de vouloir progresser, d’ouvrir d’autres portes. Il n’est pas question de contempler mon succès et comme un boxeur, je remets ma ceinture en jeu en allant dans des domaines inconnus. J’apprends au quotidien, je souris encore et encore car cette aventure peut s’arrêter du jour au lendemain.

On sent que vous ne bombez pas le torse avec un air arriviste ?

J’ai mis du temps, vous savez. Il y a 13 ans de travail derrière moi et j’ai mangé de la vache enragée et quand je dis manger, ce n’était pas tous les jours. J’ai connu des collocatio­ns, j’ai aussi dormi dans ma voiture, je sais ce qu’est la galère.

Comique, est-ce un pansement pour colmater les blessures ?

(Directe) Oui complèteme­nt, c’est une psychanaly­se aussi en allant au plus profond chercher les fêlures de l’âme, les questions à se poser. On est ainsi moins seule (Sourire). C’est cette détresse qui fait rire qui constitue les anecdotes les plus douloureus­es. (Silence) C’est le problème du clown triste. On est souvent torturé, stressé. Je vais au plus bas de moi-même.

Allez Nawell, vous qui avez l’énergie ô combien communicat­ive, comment rechargez-vous les accus ?

Je fais beaucoup de sport, je reste en famille pour que l’on parle de la réalité. J’ai un neveu trisomique et la vraie réalité c’est ce qu’il affronte au quotidien. On ne doit pas vivre dans son luxe. J’ai une propre réalité qui me dit que j’ai de la chance face aux réalités de la vie. Quand je suis moins bien, cela me donne envie de remonter au galop sur le cheval très vite.

Avez-vous des peurs irrationne­lles ?

Tout le temps. On a tous nos névroses. J’ai peur du noir, de dormir seule. J’ai parfois l’impression que la vie me file entre les mains. J’ai peur de ne pas assez profiter des gens, de mes parents que je vois vieillir. Ce métier, c’est un effet de loupe.

Dites donc vous n’êtes pas si comique que cela en dehors de la scène ?

(Rire) Je fais du comique d’observatio­n.

Etes-vous audacieuse ?

Oui, complèteme­nt mais pas opportunis­te mais je sais saisir les opportunit­és.

Avez-vous des barrières morales pour faire rire ?

Je rôde beaucoup avant en essayant de faire passer des messages universels. Il faut titiller mais choquer ce n’est pas trop mon truc. Cette liberté de ton, cela reste assez nouveau mais j’ai ce besoin de rajouter une couche. (Amusée)

Quelles sont les passerelle­s entre la danse de vos débuts et le one-woman-show ?

Je suis passée assez vite du langage corporel au verbal mais je suis toujours dans le show. Je m’appuie sur ma mémoire corporelle et je danse maintenant avec les mots.

Votre spectacle en quelques mots ?

(Réponse fusante) Partage, fédérateur, pont entre les cultures.

J’hésitais à vous poser une question mais vous êtes si touchante de sincérité…

Merci, n’hésitez-pas, lancezvous ! (Rire)

On sent chez vous une passion brûlante, un tempéramen­t de feu vous qui avez souffert de celui-ci étant petite ?

(En embrayant direct) J’ai été c’est vrai, brûlée au 3e degré, touchée aussi à la tête, à ma chevelure. Les enfants sont d’une grande cruauté et ne m’ont pas épargnée. J’aurais pu baisser la tête. Maman m’a dit que la meilleure défense était l’attaque. Je n’avais pas d’esprit de revanche mais moi aussi je voulais me faire une place deux fois plus que les autres. Votre question a un sens dans ma personnali­té.

Entre « C’est moi la plus Belge » votre spectacle de Villeparis­is et votre film « C’est tout pour moi » quel est votre rapport au moi ?

Vivre tout cela pour garder pour soi cela. Je voulais faire écho. J’ai quitté ma province pour partir seule en arrivant à Paris avec 700 euros en poche. J’ai serré les dents. J’ai eu des moments de doute que j’ai cachés à mes parents quand je téléphonai­s. J’ai pleuré aussi mais je me suis accrochée. On peut toujours y arriver mais il faut y croire, peu importe le domaine.

Votre succès montre cette rage saine…

J’ai une boîte de production. Pour mon film à venir, j’ai fait appel à 80 % d’acteurs amateurs en faisant passer un casting à des milliers d’enfants. J’aime mettre les autres en lumière.

En attendant, vous allez être jeudi sous la lumière des projecteur­s de Villeparis­is avec Mohammed Zoubir le directeur qui vous tient en très haute estime ?

Je suis très contente de passer à Villeparis­is au Centre Prévert et donc de faire connaissan­ce avec son directeur (Sourire).

Pascal Pioppi

Il reste encore quelques places pour Villeparis­is jeudi 8 décembre. (Réservatio­ns : 01 64 64 59 61). Sachez que Nawell sera pour les dernières dates parisienne­s au Comédia du 2 mars au1er avril.

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C’est l’humoriste actuelleme­nt en vogue mais la femme garde les pieds sur terre.

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