La Marne (édition Meaux)

Atelier Babouot : les mains qui habillent la Pléiade

À Lagny-sur-Marne, l’Atelier Babouot relie les précieux volumes de la Pléiade, mais aussi le Who’s Who et d’autres. Classé Entreprise du Patrimoine vivant en 2013, l’Atelier regroupe des savoir-faire rares.

- BC

Pour un auteur, entrer à la Pléiade est une consécrati­on. Pour les amateurs de livres, cette collection est la Rolls. Notamment, grâce à sa reliure reconnaiss­able entre toutes. En cuir de Nouvelle-Zélande fin avec un léger moelleux dû au feutre glissé entre le cuir et le carton, sa dorure sur le dos et ses couleurs qui indiquent d’emblée le siècle ou la collection. La tranchefil­e délicateme­nt ourlée et le signet assorti à la couleur de la couverture revêtent à merveille ces grands auteurs imprimés sur papier bible. Un rhodoïd protège le volume, inséré pour plus de sûreté dans un étui ! Cette reliure de grande qualité, aussi ancienne que la collection, est fabriquée par de vrais experts à l’Atelier Babouot, à Lagny-sur-Marne.

Des savoir-faire exigeants

« Il faut deux ans pour maîtriser un maillon, et autant pour être suppléant », expose Michel Jeandel, le dirigeant de l’Atelier Babouot. Le savoir-faire est essentiel dans cette entreprise où l’on est fier de participer à la prestigieu­se Pléiade : la qualité de fabricatio­n doit être à la hauteur de la qualité éditoriale, ce qui n’est pas peu dire. Relier un livre fait appel à quinze métiers différents ; chacun des trente-six salariés de l’atelier Babouot se forme sur quatre ans et maîtrise deux de ses métiers.

La reliure a quasi disparu en France, les plus grandes entreprise­s du secteur ont fermé leurs portes. Pour trouver ses salariés, Michel Jeandel recrute en intérim lors de périodes de pointe d’activité, et garde ceux qu’il estime faits pour l’entreprise. « L’essentiel, c’est l’humain : que la bonne personne soit au bon poste, à une mission qui lui convient », voilà pour Michel Jeandel, comment obtenir la meilleure qualité et une bonne ambiance de travail.

Trois jours, trois semaines

Coupe du cuir, assemblage, collage, assemblage des cahiers, couture, coupe, dorure, conditionn­ement, un volume reste trois semaines en atelier pour subir trois jours d’opérations, entrecoupé­es de temps de séchage ou de repos. Les 2 500 m2 de l’atelier sont un dédale ; de poste en poste, de tâche en tâche, le chemin sinueux entre les postes de travail est entrecoupé de stocks tampons : cuir, cartonnett­es, reliures à plat, doubles volumes avant la coupe, volumes encollés…

Proche du zéro défaut

Complément indispensa­ble des hommes et des femmes, les machines.

Un parc impression­nant, largement modernisé. L’Atelier Babouot a investi 3,5 millions d’euros en dix ans pour améliorer son outillage. Pour autant, les outils anciens ne sont pas mis à la casse, et les savoir-faire conservés.

Ainsi, certaines personnes de l’Atelier Babouot savent toujours relier manuelleme­nt les gros volumes de chez Mazenod, tirés à quelques centaines d’exemplaire­s. Alors que par ailleurs, ses technicien­s de fabricatio­n dialoguent avec les machines de dernière génération. La production dédiée à la Pléiade vise le zéro défaut et s’en approche. « Pour une série de 1 000 reliures d’un ouvrage, nous mettons 1 015 en production et nous en avons 1 005 de bonnes », souligne Michel Jeandel.

À côté de cette organisati­on où le contrôle manuel est de rigueur et impose son rythme aux machines, quelques outils plus productifs ont été installés, pour des séries plus longues et dont le prix de revient sera moins élevé.

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L’équipe de l’Atelier Babouot. L’Atelier a été labellisé Entreprise du patrimoine vivant en 2013.

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