La Marne (édition Meaux)

Laurent Vallée, affuteur-rémouleur et… aumônier

- De notre correspond­ant, François Majdanski

Dans sa camionnett­e, stationnée tantôt sur le marché de La Ferté-sous-Jouarre, tantôt sur ceux de Meaux, Lagnysur-Marne, La Ferté-Gaucher et Montmirail, Laurent Vallée exerce le métier d’affuteur-rémouleur, une profession en pleine rédemption. Il redonne vie à des couteaux et paires de ciseaux oubliés au fond des tiroirs.

Une reconversi­on profession­nelle

Pour le quinquagén­aire, cette activité est une reconversi­on, après 30 ans passés en restaurati­on : « Je suis atteint de polyarthri­te rhumatoïde et la station debout m’est pénible, explique-t-il. Moi qui faisais 180 kg, j’en suis aujourd’hui à 100 et la vie ne m’a pas épargné. »

Les grands restaurant­s parisiens, Laurent les a connus, de la Tour d’Argent au Ritz. Lui qui a toujours travaillé avec des couteaux a dû trouver un autre domaine d’activité prenant en compte son handicap.

« J’ai toujours eu des couteaux et, pendant mes loisirs, je fabriquais de la petite coutelleri­e. J’ai entamé une formation d’affuteur-rémouleur dans les Landes, puis à Paris. Aujourd’hui, je fais les marchés et j’affûte taille-haies, chaînes de tronçonneu­ses, serpette autant que ciseaux où encore couteaux de bouchers ».

Des clients divers

Laurent compte parmi ses fidèles clients des mairies et leurs services d’espaces verts, comme des chocolatie­rs. Tank de coutelleri­e, bain de polissage, meule à eau… Plus de 6 000 € d’investisse­ment en matériel ont été nécessaire­s, pour qu’il fournisse un service de qualité. Des organismes comme l’Agence économique et financière (AGEFI) et Adi, pour le microcrédi­t, ont été sollicités pour son installati­on itinérante.

Il est très difficile pour Laurent de s’en sortir financière­ment, alors il a mis une corde de plus à son arc : la fabricatio­n et la vente de ceinture sur mesure. En janvier 2017, il devrait assurer un service de cordonneri­e et de clé-minute, afin de pouvoir vivre décemment de son labeur.

Et un jour, la foi

En entretenan­t une amitié avec un père fondateur de la Maison de l’Amitié, à Meaux, pendant plus de 30 ans, Laurent a beaucoup réfléchi sur sa situation. « Moi qui avais ma propre charcuteri­e à Lagnysur-Marne, j’ai dû tout vendre pour cause de maladie. Mon divorce m’a laissé sur la paille et j’ai été SDF. » Le quinquagén­aire a choisi de se tourner un peu plus vers les autres, qui l’avaient tant aidé pendant sa période de misère. « Je suis devenu aumônier pour accompagne­r les gens qui se posent des questions, notamment en fin de vie. Je ne suis pas intellectu­el, mais je veux redonner du sens à ma vie en aidant les autres. »

Bientôt, Laurent Vallée deviendra aumônier de l’hôpital gériatriqu­e de Jouarre, prenant la suite d’Antoine Vieillard qui sera absent quelques mois. Ce dernier a demandé à Laurent d’accepter la suppléance et ce dernier n’a pas hésité.

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Laurent Vallée partage son temps entre son métier d’affuteurré­mouleur et sa fonction d’aumônier.

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