Laurent Vallée, affuteur-rémouleur et… aumônier
Dans sa camionnette, stationnée tantôt sur le marché de La Ferté-sous-Jouarre, tantôt sur ceux de Meaux, Lagnysur-Marne, La Ferté-Gaucher et Montmirail, Laurent Vallée exerce le métier d’affuteur-rémouleur, une profession en pleine rédemption. Il redonne vie à des couteaux et paires de ciseaux oubliés au fond des tiroirs.
Une reconversion professionnelle
Pour le quinquagénaire, cette activité est une reconversion, après 30 ans passés en restauration : « Je suis atteint de polyarthrite rhumatoïde et la station debout m’est pénible, explique-t-il. Moi qui faisais 180 kg, j’en suis aujourd’hui à 100 et la vie ne m’a pas épargné. »
Les grands restaurants parisiens, Laurent les a connus, de la Tour d’Argent au Ritz. Lui qui a toujours travaillé avec des couteaux a dû trouver un autre domaine d’activité prenant en compte son handicap.
« J’ai toujours eu des couteaux et, pendant mes loisirs, je fabriquais de la petite coutellerie. J’ai entamé une formation d’affuteur-rémouleur dans les Landes, puis à Paris. Aujourd’hui, je fais les marchés et j’affûte taille-haies, chaînes de tronçonneuses, serpette autant que ciseaux où encore couteaux de bouchers ».
Des clients divers
Laurent compte parmi ses fidèles clients des mairies et leurs services d’espaces verts, comme des chocolatiers. Tank de coutellerie, bain de polissage, meule à eau… Plus de 6 000 € d’investissement en matériel ont été nécessaires, pour qu’il fournisse un service de qualité. Des organismes comme l’Agence économique et financière (AGEFI) et Adi, pour le microcrédit, ont été sollicités pour son installation itinérante.
Il est très difficile pour Laurent de s’en sortir financièrement, alors il a mis une corde de plus à son arc : la fabrication et la vente de ceinture sur mesure. En janvier 2017, il devrait assurer un service de cordonnerie et de clé-minute, afin de pouvoir vivre décemment de son labeur.
Et un jour, la foi
En entretenant une amitié avec un père fondateur de la Maison de l’Amitié, à Meaux, pendant plus de 30 ans, Laurent a beaucoup réfléchi sur sa situation. « Moi qui avais ma propre charcuterie à Lagnysur-Marne, j’ai dû tout vendre pour cause de maladie. Mon divorce m’a laissé sur la paille et j’ai été SDF. » Le quinquagénaire a choisi de se tourner un peu plus vers les autres, qui l’avaient tant aidé pendant sa période de misère. « Je suis devenu aumônier pour accompagner les gens qui se posent des questions, notamment en fin de vie. Je ne suis pas intellectuel, mais je veux redonner du sens à ma vie en aidant les autres. »
Bientôt, Laurent Vallée deviendra aumônier de l’hôpital gériatrique de Jouarre, prenant la suite d’Antoine Vieillard qui sera absent quelques mois. Ce dernier a demandé à Laurent d’accepter la suppléance et ce dernier n’a pas hésité.