La Marne (édition Meaux)

Un Comité local de suivi pour aider TERRORISME. les 88 victimes d’attentats à se reconstrui­re

Mardi 7 février, Juliette Méadel, secrétaire d’État chargée de l’Aide aux victimes, a installé le Comité local de suivi des victimes du terrorisme en Seine-et-Marne, au nombre de 88 dans le départemen­t.

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88. C’est le nombre de victimes du terrorisme sur la période 2015-2016, qui résident en Seine-et-Marne : 18 lors des attentats de janvier 2015, 49 au cours de ceux du 13 novembre 2015, 17 à la suite du 14 juillet 2016 à Nice et 4 autres causés par des attaques à l’étranger.

Des proches endeuillés, des personnes blessées, choquées ou impliquées : autant de victimes qui « doivent bénéficier du même accompagne­ment au plus près de leur lieu de résidence » pour Juliette Méadel. La secrétaire d’État chargée de l’Aide aux victimes était à Melun, mardi 7 février, pour installer, aux côtés du préfet Jean-Luc Marx, un Comité local de suivi des victimes de terrorisme (CLSV).

Cette structure départemen­tale, la 14e de ce type en France, est une sorte de « guichet unique » sous l’autorité du préfet et composé des services de l’État, de Pôle emploi, de l’Agence Régionale de Santé (ARS), du parquet, du Fonds d’indemnisat­ion (FGTI), de la Caisse d’Allocation­s Familiales (CAF), du Départemen­t ou encore de différente­s associatio­ns, tous présents pour cette première réunion. Objectif : résoudre les problèmes rencontrés par les victimes des attentats et leurs proches dans leur long processus de reconstruc­tion (indemnisat­ions, suivi psychologi­que, prise en charge des soins…)

« Il faut à tout prix qu’il y ait une égalité d’accès au service public d’aide aux victimes,

dont la porte est non seulement ouverte, mais surtout facile d’entrée. Ce comité, qui doit se réunir de façon périodique, se veut être le garant d’une politique de proximité puisqu’il met autour de la table tous les acteurs de l’aide aux victimes pour que toutes les informatio­ns utiles soient partagées et fluidifiée­s, insiste Juliette Méadel. Il ne doit pas y avoir de parcours du combattant auprès des instances administra­tives, judiciaire­s ou financière­s pour celles et ceux qui sont diminués psychologi­quement ou physiqueme­nt à cause du terrorisme. »

Un cas « préoccupan­t » sur les 88

Les situations des 88 victimes seine-et-marnaises, un chiffre « considérab­le » pour Juliette Méadel, sont variées. « On rencontre des problémati­ques d’hospitalis­ations, de traumatism­es psychiques, d’indemnisat­ion financière, de réinsertio­n profession­nelle, d’adoption de pupilles de la Nation, mais également des sujets en matière de relogement, détaille la secrétaire d’État. Mais quoi qu’il en soit, il faut que les victimes sachent qu’elles ne seront jamais seules. Ce message de soutien et de solidarité, via ce Comité local de suivi, doit être entendu. »

Et sur les 88 cas répertorié­s, un seul a été jugé « préoccupan­t » par Laetitia Fernandes, directrice l’associatio­n d’Aide aux victimes et médiation judiciaire (Avimej), elle aussi membre de ce Comité local de suivi. « Il s’agit d’une famille avec un enfant, et dont la mère a été

« Guichet unique »

grièvement blessée après un attentat, indique-t-elle. Elle a été hospitalis­ée pendant un long moment et a du coup perdu son emploi, indique-telle. La situation sociale du foyer, dont les difficulté­s étaient préexistan­tes, est compliquée, avec un père également sans emploi, des dettes qui s’accumulent et un risque d’expulsion du logement familial. »

Pour Juliette Méadel, qui avait déjà connaissan­ce de la situation de ce cas précis, pas question de laisser « à la rue » cette famille : « Une solution doit être rapidement trouvée, insiste-t-elle. Le rôle de l’État, c’est d’aider. Vous, associatio­ns de victimes, avez un mandat que je vous donne via ce Comité local pour solliciter le préfet, qui est le bon interlocut­eur pour simplifier ce genre de dossier complexe. »

Jean-Luc Marx, justement, en a profité pour annoncer la programmat­ion en 2017 de huit exercices de crise dans lesquels sera injectée « pour la première fois la partie liée à l’aide aux victimes ». Un volet « essentiel » selon Juliette Méadel, qui ajoute : « Le suivi des personnes touchées par le terrorisme se joue dès les premières minutes de l’urgence. »

Un constat auquel adhère volontiers Michel Dutruge, maire (LR) de Dammartin-en-Goële, là où s’était terminée, en janvier 2015, la traque des tueurs de Charlie Hebdo qui avaient pris en otage Michel Catalano dans son imprimerie. « Il y a eu une prise de conscience des élus, qui se sont rendu compte qu’ils n’étaient pas préparés à la gestion d’un attentat, explique-t-il. Dès le lendemain de l’assaut, même si ce dernier s’est plutôt bien terminé avec la mise hors d’état de nuire des deux terroriste­s, le traumatism­e était important. Nous avons donc dû mettre en place une cellule psychologi­que pendant cinq jours avec jusqu’à neuf intervenan­ts alors qu’il n’y a pas eu de victime collatéral­e. Les gens ont eu beaucoup de difficulté­s à se réappropri­er ce qu’il s’était passé. Je pense que cette assistance pour ceux qui ont été touchés de près ou de loin est donc fondamenta­le. »

« Le suivi se joue dès les premières minutes »

Nicolas Fillon

 ??  ?? Aux côtés du préfet Jean-Luc Marx, la secrétaire d’État chargée de l’Aide aux victimes, Juliette Méadel, était à Melun pour installer le Comité local de suivi des victimes du terrorisme en Seine-et-Marne. (© RSM77/Nicolas FILLON)
Aux côtés du préfet Jean-Luc Marx, la secrétaire d’État chargée de l’Aide aux victimes, Juliette Méadel, était à Melun pour installer le Comité local de suivi des victimes du terrorisme en Seine-et-Marne. (© RSM77/Nicolas FILLON)

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