La Marne (édition Meaux)

« Je suis un drogué du rire »

-

Christophe Alévêque montera sur la scène de Villeparis­is, dimanche 5 mars, avec son spectacle : Ça ira mieux demain. Son pari : nous faire rire pendant 1 h 30 et nous faire oublier la morosité ambiante.

Votre spectacle, Ça ira mieux demain, se joue depuis deux ans. Comment expliquezv­ous cet engouement pour la satire politique ?

Cela fait 20 ans que je fais ce métier et dans ce métier tant que ça va…c’est bien. Et je crois que c’est comme tout, il y a des cycles. Il y a quelques années beaucoup prédisaien­t que ce genre de spectacle allait s’arrêter et qu’il fallait passer à autre chose. Mais moi je pense que c’est indispensa­ble à notre époque. Mais attention, le spectacle n’est pas que de la satire politique, c’est une partie du spectacle. Ce spectacle a été créé le 14 janvier 2015, une semaine après les attentats de Charlie Hebdo. Après ces tragiques événements, vous êtes-vous demandé à quoi bon monter sur scène quand on est humoriste ?

Oui. C’était incontrôla­ble et c’était peut-être même ridicule. Et depuis ce jour-là, j’ai remarqué que cette forme de spectacle, en tout cas le mien, se transforme en sorte de thérapie de groupe. On se retrouve tous ensemble pour crever l’abcès, il faut se lâcher. C’est un exutoire. Mais, en effet, je me suis demandé si tout compte fait monter sur scène n’est pas une forme de réponse, même si cela peut paraître dérisoire, face à la folie et à la violence qu’on est en train de vivre.

Et vous, quel est votre remède contre la morosité actuelle ?

Être sur scène. C’est une drogue. Je suis un drogué du rire. Le rire des gens me fait un bien phénoménal donc je pense qu’on se soigne ensemble ! Je ne sais pas si on se guérit mais à la fin du spectacle, ça va beaucoup mieux !

Sur scène, on dit de vous que vous êtes «teigneux comme un Guy Bedos». Cette comparaiso­n vous flatte ?

Je suis fan de Guy Bedos donc évidemment je prends ce genre de comparaiso­n même si, bien sûr, je le fais à ma sauce, à ma manière.

Dans le spectacle, vous reprenez la chanson, C’est extra, de Léo Ferré. Pourquoi cette chanson plutôt qu’une autre ?

Pendant une heure et demie, je fais rire avec le pire. Je voulais finir le spectacle sur un mot magnifique, merveilleu­x, fantastiqu­e. Quand j’ai réécouté la chanson, ça m’a fait tilt. L’époque manquant tellement de poésie. Je trouvais bien de finir sur ce mot «C’est extra», car on oublie trop souvent que c’est extra ! La présidenti­elle approche. Les affaires se multiplien­t : Le Pénélopega­te, les Russes qui voudraient torpiller la candidatur­e de Monsieur

Macron, Thierry Solère est soupçonné de fraude fiscale… c’est du pain bénit pour un spectacle comme le vôtre ?

Oui et non. Oui parce que là, ce n’est même pas la peine d’écrire. Merci à eux ! Et puis d’un autre côté ce qui est intéressan­t, quoi qu’il se passe dans l’actualité, c’est de se poser la question : Et nous dans tout ça ? Qu’est ce qu’on fait ? Où on est ? Parce qu’à la limite, eux, on s’en fout !

Si l’actualité est violente, le décryptage sera très violent. Si c’est absurde, le décryptage le sera encore plus. En fait, l’idée c’est d’aller au bout de cette bêtise. Après c’est pareil, il faut éviter l’amalgame du «tous pourri».

« Le rire des gens me fait un bien phénoménal» « J’aihorreur de tout ce quiest obligatoir­e »

En plus du théâtre, vous avez écrit un ouvrage, Bienvenue à Webland, dans lequel vous évoquez les dérives d’internet. Pourquoi vous êtes-vous intéressé à ce sujet ?

Parce qu’internet est devenu obligatoir­e et moi j’ai horreur de tout ce qui est obligatoir­e. C’est un livre très documenté. On a bossé avec un journalist­e sur quatre nouvelles avec des lettres d’internaute­s qui râlent. Tous les personnage­s sont fictifs mais tout ce qui est dit dans le livre est vrai. Et ça fait peur ! La question en fait c’est : Est-ce qu’internet est à notre service ou est-ce que l’on est au service d’internet ? Cela reste une invention géniale mais…

Une fois que «Ça ira mieux demain», que ferez-vous ?

Le jour où «Ça ira mieux demain», je me reposerai. Mais j’ai bien peur de prendre ma retraite assez tard !

Propos recueillis par Christophe Petit

Centre culturel Jacques-Prévert. Villeparis­is. Dimanche 5 mars. 15 h 30. Tarifs : 35 €. Informatio­ns : 01 64 67 59 61.

Newspapers in French

Newspapers from France