La Marne (édition Meaux)

Un enfant de 8 ans sème la terreur à l’école

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L’école primaire de Montceaux ressemble presque à l’école idéale : cinquante enfants y apprennent la lecture et les mathématiq­ues, répartis par petits groupes permettant presque aux institutri­ces de proposer un enseigneme­nt individual­isé. « C’est pour ce cadre et cette école que nous nous sommes installés à Montceaux », évoque cette mère de trois enfants. Sauf que depuis un an, les enfants semblent vivre un enfer.

« Une nouvelle famille s’est installée en janvier 2016 et très vite, ma fille s’est plainte le soir de recevoir des coups et des humiliatio­ns », poursuit cette maman. Au début, comme de nombreux parents qui entendent leurs enfants raconter leur journée d’école, elle y prête attention mais se dit que l’enfant en question va se calmer, que le changement d’école et de ville est dur à vivre pour lui. Pourtant, elle doit rapidement se rendre à l’évidence : non seulement les coups ne cessent pas, mais ils sont souvent accompagné­s d’insultes et de gros mots « d’une vulgarité sexuelle que je n’avais jamais entendue dans la bouche d’un enfant de cet âge » assure-t-elle. Parfois, ses colères sont tellement importante­s, que plusieurs adultes sont nécessaire­s pour le calmer.

Un protocole a été mis en place

Mais sa fille n’est pas la seule concernée. Le petit Enzo* fait vivre un enfer à tout le monde, enseignant­s inclus. Plusieurs fois, la directrice de l’école a signalé le problème à l’inspection d’académie. Un psychologu­e scolaire s’est rendu dans l’école pour rencontrer l’enfant. « Tout un protocole a été mis en place par l’académie, mais rien ne fonctionne », déplore Céline Rolland, adjointe au maire en charge des affaires scolaires.

Pour tenter de ramener le calme dans cette petite école, la mairie a pris la décision d’exclure Enzo de toutes les activités périscolai­res : cantine, garderie. « Mais l’école est obligatoir­e, sa place est à l’école mais pas dans celle-là », poursuit l’élue. Des mots durs pour une élue sauf que, pour elle, « le bienêtre des autres enfants et la survie de l’école en dépend ».

La crainte de voir l’école fermer

En effet, depuis plusieurs semaines, certaines familles ont décidé de retirer leurs enfants de l’école. « Nous sommes une petite structure, si plusieurs enfants manquent à l’appel, une classe sera supprimée à la rentrée prochaine, multiplian­t les classes à plusieurs niveaux et ça fera boule de neige. Les autres parents retireront leurs enfants et l’école fermera », craint Céline Rolland qui regrette fortement « l’inaction de l’inspection académique » : « On ne veut pas empêcher cet enfant de suivre sa scolarité, mais les autres enfants sont abandonnés. Nos mails et nos appels restent sans réponse ».

D’ailleurs du côté de l’inspection académique, on indique en premier lieu « que l’Éducation nationale a l’obligation d’accueillir tous les enfants. Des enseignant­s spécialisé­s devraient intervenir pour aider l’enfant à s’intégrer dans la classe. » Sans plus de précision sur la date ou la durée de ce dispositif.

Une solution qui ne convient pas aux familles : « Elle a déjà été testée, et ça n’a rien changé ».

Des coups et des humiliatio­ns quotidiens Les parents vont retirer leurs enfants

La semaine prochaine, les deux tiers des familles ont décidé de retirer leurs enfants de l’école en signe de protestati­on. « Il faut que cet enfant soit pris en charge, pour son bien et pour celui de nos enfants » conclu une maman, avant de poursuivre : « depuis que les coups ont commencé, mon fils doit être suivi par un psychologu­e et a peur d’aller à l’école. Comment peut-on laisser subir ça à des enfants ? »

*Le prénom de l’enfant a été modifié.

 ??  ?? Les parents ont annoncé vouloir retirer leurs enfants de l’école en signe de protestati­on. (illustrati­on, © c-wavebreakm­ediamicro-fotolia.com)
Les parents ont annoncé vouloir retirer leurs enfants de l’école en signe de protestati­on. (illustrati­on, © c-wavebreakm­ediamicro-fotolia.com)

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