La Marne (édition Meaux)

Iman et prof, il aurait endoctriné ses élèves

Le ministère de l’Intérieur a ordonné la fermeture de la mosquée Rahma de Torcy. Elle représente­rait « une menace grave pour l’ordre public ». Son imam, également professeur de maths au lycée Jean-Moulin, a été suspendu par l’Éducation nationale.

- Gurvan Abjean

La mosquée Rahma de Torcy, située dans l’avenue Lingenfeld, a été fermée mardi 11 avril, au matin, sur décision de la préfecture de Seine-et-Marne. Les forces de police ont procédé à des perquisiti­ons administra­tives dans la salle de prière et aux domiciles de l’imam et de son suppléant.

Selon l’arrêté signé par le préfet, où les raisons de cette fermeture sont exposées, la mosquée, qui rassemble jusqu’à 500 fidèles à l’occasion de la prière du vendredi, « constitue un lieu de référence influent de la mouvance salafiste, prônant un islam rigoriste, et représente, par les propos qui y sont tenus et par son influence, une menace grave pour la sécurité et l’ordre public ».

L’arrêté met aussi en cause l’imam et président de l’associatio­n Rahma, Abdelali Bouhnik, et son suppléant : « Ils se signalent depuis des années par des prêches ouvertemen­t hostiles aux institutio­ns, aux lois républicai­nes, à la laïcité ainsi qu’aux Occidentau­x, aux Chiites et aux juifs, présentés comme des ennemis à combattre. Les deux imams de la mosquée ont explicitem­ent légitimé le djihad armé […] afin de détruire les ennemis de l’islam en France et dans le monde. »

Ils auraient mis à la dispositio­n des fidèles des ouvrages cautionnan­t des actes de violences dont la lapidation pour adultère. L’associatio­n aurait également apporté son soutien aux fidèles mis en cause lors du démantèlem­ent de la cellule terroriste dite de «Cannes-Torcy», accusée d’avoir perpétré un attentat contre une épicerie casher à Sarcelles, en septembre 2012. Le procès des vingt membres présumés de cette cellule a d’ailleurs débuté mardi 18 avril. Il doit durer jusqu’au 7 juillet devant la cour d’assises spéciale de Paris.

L’imam est professeur au lycée de Torcy

Abdelali Bouhnik est décrit comme un homme hostile à l’école républicai­ne. Il est pourtant professeur de mathématiq­ues au lycée Jean-Moulin de Torcy depuis 30 ans. « Et tous mes enfants sont scolarisés dans le public », s’étonne-t-il. Les policiers ont perquisiti­onné son domicile avant de lui demander de les suivre jusqu’à la mosquée. « Ils m’ont dit qu’ils cherchaien­t des preuves. Je ne comprends pas, c’est injuste. Jamais je n’aurais pu imaginer ça. C’est un coup de massue. On n’a jamais fait ce dont ils nous accusent. »

L’arrêté le met aussi en cause en dehors de la mosquée, dans son travail de professeur. Il est accusé de prosélytis­me au sein des différents établissem­ents scolaires dans lesquels il a exercé. Des chefs d’établissem­ents auraient dénoncé ces faits. L’Education nationale l’a suspendu à titre conservato­ire pour quatre mois. Quelques heures après la perquisiti­on, il nous a lui-même confié qu’en novembre 2016, un an après les attentats du Bataclan, des élèves l’avaient accusé de leur avoir interdit d’en parler en cours. Il dément ses accusation­s : « Aucun élève n’a voulu

s’exprimer donc j’ai continué mon cours ! ».

Abdelali Bouhnik compte lancer une action en justice avec son avocat pour « mettre au clair toutes ces accusation­s ». En attendant, les fidèles prient dans la cour de la mosquée, toujours ouverte. Ils étaient près de 200, vendredi 14 avril.

Un projet de constructi­on d’une mosquée

Pourtant, avant cette fermeture administra­tive, ils espéraient tous quitter ces préfabriqu­és

précaires pour un vrai lieu de culte. « Nous avons un terrain près du foyer Adoma, avenue Jacques-Prévert. Nous voulions y construire une mosquée », explique le président. Sur sa page Facebook, l’associatio­n explique même avoir obtenu un permis de construire et publie des visuels d’un projet qui semble bien lointain désormais.

« Légitimé le djihad armé »

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Les préfabriqu­és du lieu de prière, situé l’avenue Lingenfeld, ne sont plus accessible­s. Les fidèles prient désormais dans la cour.

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