La Marne (édition Meaux)

Woody Allen s’invite à l’espace Charles Vanel

Maris et femmes, film mythique de Woody Allen, a été adapté au théâtre par Christian Siméon. Avant de monter sur la scène de l’Espace Charles Vanel, le comédien Marc Fayet donne sa vision du style allénien et se confie sur sa carrière.

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Samedi 22 avril, se jouera Maris et femmes de Woody Allen, film sorti en 1992. Christian Siméon s’est occupé de l’adaptation au théâtre. Le style de Woody Allen et ce scénario ont été facilement transposab­les au théâtre ?

Je pense que ce n’était pas si évident que cela. En tout cas, il est certain que cela lui a demandé beaucoup de travail et de remises en question. Mais une chose est évidente : il est parvenu à la fois à retranscri­re l’esprit woody-allénien de l’écriture initiale et de la transposer dans une forme théâtrale qui est assez originale. Cela nous éloigne du film tout en nous racontant le film.

Et vous, qu’est ce qui vous a poussé à plonger dans cette aventure «allénienne» ?

Je dirais que c’est une question de fidélité, d’amitié et de compagnonn­age. Il se trouve que José Paul (Gabe dans la pièce) et Stéphane Hillel (le metteur en scène) sont des gens avec qui je travaille depuis de nombreuses années. Quand Stéphane est venu me le proposer, j’étais persuadé que ce serait un projet de qualité. D’autant plus qu’il ne peut pas y avoir de mauvais Woody Allen. Quand j’ai lu l’adaptation, j’ai lu quelque chose de remarquabl­e. C’est autant d’éléments qui m’ont poussé avec enthousias­me à accepter ce projet.

Qu’est ce qui vous plaît dans l’univers de Woody Allen ?

C’est d’être toujours près de ses personnage­s et confronter l’être humain à ses faiblesses et ses contradict­ions. Woody Allen a toujours su le faire admirablem­ent. On est au plus profond des questionne­ments de l’homme et de la femme, toujours en train de s’interroger sur la viabilité de ce qu’ils sont en train de vivre, tout ce qui peut entourer une vie d’hommes et de femmes face à lui et face aux autres. C’est jubilatoir­e car Woody Allen le fait avec une justesse mieux que personne.

Dans le film et la pièce, Jack et Sally annoncent leur séparation à leurs amis, ce qui va provoquer un coup de tonnerre et des situations sentimenta­les non maîtrisées par les personnage­s. Pourrait-on et aurait-on raison de comparer cette adaptation à certaines pièces de Sacha Guitry ou de Georges Feydeau où la comédie est très présente ?

Immanquabl­ement. Certains même ne se sont pas privés de le déclarer. Un très bon Woody Allen, c’est une situation un peu de «Boulevard». Et je crois que oui, on peut dire que c’est une situation de boulevard traitée avec de l’esprit. Quand on a une écriture comme Guitry, on a toujours de l’esprit alors que dans une écriture à la Feydeau, c’est beaucoup plus cruel, une manière beaucoup plus noire de voir les situations. Chacun dans son style. Et je dirais qu’avec Woody Allen, on est moins dans les portes qui claquent bien entendu mais on reste plus dans l’esprit et dans la constructi­on un petit peu «boulevardi­ère» et c’est ce qui fait le sel de la comédie. De toute façon, dès que l’on met en situation deux couples, on passe immanquabl­ement par l’esprit «Boulevard».

Woody Allen a dit : «Pour être heureux, il faut aimer souffrir». Les personnage­s de la pièce en sont le parfait exemple, non ?

Oui, mais je crois qu’au-delà de ça, souffrir c’est aussi être certain d’être vivant. Dans la définition de Woody Allen, moi je lis cela et donc s’assurer d’être vivant, c’est aussi une certaine manière de se confirmer qu’il y a de quoi être heureux quelque part.

En 2015, vous avez reçu le Molière de la meilleure comédie pour la pièce « Des gens intelligen­ts ». Vous avez écrit cette pièce et vous l’avez jouée avec vos amis qui vous accompagne­nt depuis vos années de caféthéâtr­e… Quels souvenirs gardez-vous de ces années-là ?

Des années d’apprentiss­age déjà et puis ça a été ma première rencontre avec José Paul. C’est ça qui est intéressan­t car on a un peu le même parcours. Lors de ces années au café-théâtre, on essayait d’aborder parfois des auteurs qui n’étaient pas habituelle­ment intégrés au café-théâtre comme Roland Dubillard, Georges Courteline, Eugène Labiche et de les adapter à la manière café-théâtre. Ce qui nous a permis plus tard, lorsque l’on a fait des spectacles ensemble, d’aborder les choses sous l’angle de l’efficacité immédiate.

On a pu vous voir récemment dans quelques films au cinéma tels que «Retour chez ma mère», «Barbecue», pour les plus récents. D’autres projets cinématogr­aphiques sont à venir ?

Non pas vraiment. Concernant ces deux filmslà, c’étaient deux participat­ions aux côtés d’Éric Lavaine, le réalisateu­r qui est un copain. Je participe amicalemen­t à ce genre d’aventures, parce que cela me fait plaisir et que cela leur fait plaisir également. Mais, j’avoue que je me consacre très très peu à l’image. Ma priorité reste le théâtre, donc pour le moment non pas d’autres projets cinématogr­aphiques.

Après cette grande tournée avec la pièce «Maris et femmes», quel est le projet le plus proche… Un peu de repos ou une pièce est déjà sur le point de naître ?

Des pièces sont encore en cours d’écriture, d’autres sont terminées. Le prochain projet d’écriture sera pour la télévision pour la chaîne C8. C’est une série télé qui sera interprété­e par les Chevaliers du Fiel. Et puis, ma prochaine pièce en tant qu’auteur, et probableme­nt en tant qu’interprète également, aura lieu à partir de janvier au théâtre de Paris si tout va bien. ■

Propos recueillis par Christophe Petit

« Il ne peut pas y avoir de mauvais Woody Allen »

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