La Marne (édition Meaux)

« La musique est une forme CINéMA. de survie »

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Basé sur des faits réels, le film « Django » est sorti en salle mercredi 26 avril. Le célèbre jazzman avait vécu les dernières années de sa vie à Samois-surSeine, près de Fontainebl­eau. Interview d’Etienne Comar, le réalisateu­r. Avez-vous délibéréme­nt choisi la date de sortie de votre film, à l’entre-deux tours d’une élection présidenti­elle qui a vu monter le FN depuis plusieurs années, ou est-ce que c’est le fruit du hasard ?

On savait que c’était entre les deux tours bien sûr mais on n’a pas choisi en fonction des élections présidenti­elles. Les dates des films sont souvent très compliquée­s. On savait que « Django » allait sortir à cette période puisque le film avait été au festival de Berlin et qu’on allait le sortir dans la foulée, avant Cannes. Mais la date de l’entredeux tours, c’est le hasard. Quoi qu’il en soit, depuis le début de ce projet, je suis attentif à ces thématique­s historique­s qui ont des correspond­ances avec le monde contempora­in dans lequel on vit, notamment avec la question des migrants, par exemple.

Est-ce que sortir le 26 avril donne encore plus de pertinence à votre film ?

En effet, mais avant tout, c’est du cinéma. « Django » n’est pas un film politique. C’est un film musical. J’avais envie de traiter de la position de ces musiciens dans des périodes troubles de l’Histoire. Finalement, qu’estce qu’il reste à l’artiste pour se défendre, à part son art ? Est-ce que sa position d’homme assez libre - puisque c’est la position des Tsiganes en général - lui donne une aura particuliè­re qui le rend différent des autres ?

Pourquoi avoir choisi Django Reinhardt ?

Django, c’est un grand jazzman. J’aime sa musique depuis longtemps. Mon père était un amateur de Django Reinhardt et de jazz, en général. C’est probableme­nt le plus grand jazzman français et il n’y avait jamais eu de film sur lui. C’était une belle occasion de lui rendre hommage. Comme, en plus, cette période 1943-1944 exprime vraiment le thème que je voulais traiter, c’était parfait. Des musiciens qui ont traversé des périodes compliquée­s, il n’y en a pas tant que ça. Qu’est-ce qui vous touche particuliè­rement dans sa musique ?

Cette volonté absolue de vitalité. Cette intelligen­ce dans sa musique qui mêle à la fois les grandes mélodies et un sens de la rythmique parfait. Ce qui était magnifique avec lui, c’est que c’est en improvisan­t qu’il composait. Il ne savait pas lire la musique, ni l’écrire. Et en même temps, il avait ce don qui lui était tombé dessus parce que l’histoire de sa communauté fait que la musique est une forme de survie. On le ressent beaucoup chez Django Reinhardt. Il y a une vitalité très grande avec de la mélancolie aussi, de la poésie. Comment avez-vous préparé votre film ?

J’ai pris beaucoup de conseils auprès de David Reinhardt, le petit-fils de Django. Nous avons fait un gros travail de documentat­ion auprès de la communauté tsigane pour que le film soit le plus juste possible.

Pourquoi avoir choisi Reda Kateb et pas un Tsigane pour jouer le rôle ?

Parce qu’il fallait un acteur qui tienne le rôle pendant tout le film. On a vu plusieurs Tsiganes mais on a estimé qu’ils n’étaient pas suffisamme­nt bons acteurs pour pouvoir interpréte­r un rôle comme celui-là. On a vraiment le sentiment que Reda est tsigane. Il a appris des mots en tsigane. Il a appris à jouer avec trois doigts. Au début la communauté trouvait cela étrange, finalement il a très vite été accepté. Les gens qui ont joué avec nous dans le film l’ont appelé rapidement Django. Ils l’ont accueilli à bras ouverts.

Vanessa Relouzat

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