La Marne (édition Meaux)

La Quincaille­rie du faubourg ferme ses portes

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Meaux s’apprête à perdre l’un de ses commerces historique­s. La Quincaille­rie du faubourg Saint-Nicolas, véritable institutio­n ouverte en 1923, brade depuis quelques semaines ses derniers produits. Les affiches jaune flashy « Déstockage massif : - 30 % » sont placardées sur toutes les vitrines. À l’intérieur, les étagères se vident peu à peu, avant d’être mises en vente elles aussi. La boutique fermera définitive­ment à la fin du mois de mai.

Jean-Michel, lunettes rondes et franc parler, a repris l’affaire il y a 14 ans. Il doit se résoudre à vendre face à une activité qui n’est plus viable aujourd’hui : « Il y a une nouvelle façon d’acheter, de consommer. Je crois que le commerce de centre-ville n’a plus sa place face aux grands centres commerciau­x et à Internet. Nous faisons le choix de partir avant que ça ne devienne une nécessité. »

Il a vu son chiffre d’affaires diminuer ces dernières années.

« Une partie de moi est contente de partir. Ça nous pousse à sortir des rails quelque part. Mais une autre est un peu désabusée. Des liens se créent avec les clients, certains sont devenus des amis. Il y a un pincement au coeur. C’est quand même 15 ans de ma vie. »

Le père de famille reçoit de nombreuses marques d’affection depuis que la rumeur a fait son chemin dans le quartier. À l’image de ce courrier envoyé par l’une de ses fidèles clientes : « On va vous regretter pour votre gentilless­e et votre sens de l’humour, c’est si rare. On savait pouvoir compter sur vous. Internet, les Saisons de malheur… Partout c’est la même idiotie : on veut gratter 3 francs 6 sous et pour quoi ? »

S’il ne souhaite pas dévoiler l’identité des repreneurs, Jean-Michel avoue qu’il s’agira d’une nouvelle activité, bien loin de la droguerie. Florence, une cliente régulière, va le regretter

: « Quand je viens ici, je sais que je vais trouver ce que je cherche. » Thérèse et

Jacky confirment : « Il n’y a rien d’autre dans le secteur. Jean-Michel nous conseillai­t, quand l’article ne convenait pas, on le rapportait sans problème. On lui disait ce qu’on voulait et il nous le trouvait. C’est vraiment dommage. » La mairie regrette cette fermeture « même s’il s’agit de transactio­ns et décisions strictemen­t privées. » « Cela rappelle la responsabi­lité de chacun sur des sujets comme celui-ci : les commerces, la municipali­té mais aussi et surtout les habitants. Les commerces de proximité ne peuvent vivre que grâce à leurs clients ! » La

Ville assure qu’elle sera « très attentive » à la reconversi­on du site : « Nous souhaitons vivement qu’il puisse accueillir des activités dont nous avons besoin en coeur de ville comme des activités médicales par exemple. »

Le gérant, lui, va s’offrir trois mois de vacances avec sa compagne. Un répit bien mérité après 14 ans de service.

« C’est 15 ans de ma vie »

 ??  ?? Ouverte en 1923, la quincaille­rie a animé le quartier du faubourg Saint-Nicolas pendant 94 ans. Elle fermera à la fin du mois de mai.
Ouverte en 1923, la quincaille­rie a animé le quartier du faubourg Saint-Nicolas pendant 94 ans. Elle fermera à la fin du mois de mai.

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