La Marne (édition Meaux)

De fil en aiguille avec la mercière

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« Françoise mercerie » est un point de référence avec un vrai fil conducteur sur la qualité mais aussi sur l’humain. Une boutique d’un autre âge ? Pas certain. Les clients de Lizy et des environs aiment cette boutique.

En France, la mercerie a connu son heure de gloire il y a longtemps. Un temps que le moins de 40 ans ne peuvent pas connaître. Cela fait 41 ans que Françoise est dans le commerce : « J’ai débuté avec ma belle-soeur au bar-restaurant avec une soixantain­e de couverts ce qui était bien pour l’époque en 76. Il faut dire aussi que la période était belle pour le commerce à Lizy. C’était blindé de monde avec des commerces dynamiques. Le petit commerce du centrevill­e a souffert de l’ouverture de la grande surface. On peut même parler de mort annoncée. »

Il faut dire que Françoise, la dernière mercière de Lizy mais aussi des alentours, possède des clients fidèles. Ils viennent de loin et même de l’Aisne et de Paris pour pousser la porte de ce petit magasin où l’on se sent bien avec la patronne et pour regarder les pelotes de laine, les écheveaux de fils colorés, la lingerie féminine… Toutes ces marchandis­es qui possèdent un charme, mieux, une âme. « Il y a eu de bonnes années mais

la conjonctur­e est difficile. On ne peut pas vendre cher à Lizy car la ville est pauvre et puis il faut avouer que les gens ne savent plus coudre. Les clients ont changé, la société aussi, pas toujours dans le bon sens. » Observatri­ce des moeurs et coutumes, Françoise pousse l’analyse : « Beaucoup ont peur de travailler mais s’installent dans du loisir. Il y a aussi les commandes par internet qui nous ont fait du mal, les taxes aussi qui grignotent 48 % du bénéfice. Après 41 ans de travail, ma retraite va tourner autour des 1 000 €. »

Quand Françoise va tirer son rideau, c’est tout un pan du commerce qui va tomber : « La rue commerçant­e va être transformé­e en appartemen­ts. Quand je vais aux Saisons de Meaux, je croise des

Lizéens. Je conserve mes anciens clients dont la moyenne d’âge est de 50 ans. Plus on avance dans l’âge et plus on veut que le petit commerce perdure. Mais c’est pour moi que c’est dur. Le samedi, je dois fermer à 16 h car il n’y a plus personne dans les rues ». Cette passionnée voit le départ en retraite s’approcher : « J’ai peur de m’ennuyer car j’apprécie mes clients très chaleureux. J’adore ce relationne­l, connaître leur vie. Ce commerce a été un plaisir et puis, j’habite au-dessus de la mercerie. Je pense que je vais me mettre au tricot. C’est une belle passion pour une jeune retraitée, non ? » Françoise s’est longtemps investie dans l’associatio­n des commerçant­s : « On a fini à deux avec la présidente » dit-elle un peu triste.

« J’ai des clients chaleureux » Bientôt la retraite

Françoise regarde avec déjà une pointe de nostalgie ces milliers de petits articles disposés avec grand soin dans cette sorte de maison de poupée qui possède une identité propre. Il faudra pour les fidèles clientes pousser jusqu’à Meaux, Crécy, Coulommier­s pour chercher un bouton manquant ou une fermeture éclair. Nul doute que Françoise et son franc-parler mais aussi son coeur d’or laissera un beau sillage d’estime mais aussi de regret rue Jean-Jaurès.

Pascal Pioppi

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Françoise aime son métier et possède un vrai sens du contact avec sa clientèle fidèle.

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