La Marne (édition Meaux)

Loueur et locataire devant le juge

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Confronté à un mauvais payeur, Osama a décidé de recourir à la force pour le contraindr­e à partir. Propriétai­re d’un immeuble de trois étages à Mitry-Mory comprenant 17 logements, il a géré son bien en faisant régner une forme de terreur chez ses locataires. Au point qu’aucun d’entre eux n’a osé broncher ni intervenir quand il s’en est pris à Rémi. Ils se sont contentés d’observer par crainte de représaill­es.

Méthode forte !

Très irrité par les retards de paiement de l’occupant de son appartemen­t, Osama n’a pas apprécié de voir le père et la compagne de ce dernier investir les lieux. D’autant qu’Osama souhaitait récupérer l’appartemen­t en question pour y loger son frère, Ibrahim, récemment divorcé.

Tôt un matin de septembre 2016, Osama est entré sans ménagement dans le minuscule appartemen­t en hurlant « j’vais te tuer », après avoir défoncé la porte à coups de massette. Avec son frère, il a malmené Rémi qui dormait et lui a infligé une correction. Il a continué à le rudoyer avant de l’éjecter dans la cour, le nez en sang. Ensuite, il a attrapé les affaires et les a balancées sur le sol.

Rémi a trouvé une petite barre de fer pour se défendre. Il les a menacés et asséné un coup sur le pied déjà blessé d’Osama. Une consultati­on médicale ultérieure a conclu à une période d’ITT (Incapacité Totale de Travail) de 10 jours pour Rémi et 21 jours pour Osama.

Une seule loi, la violence !

Après une plainte de Rémi, les deux frères ont été placés en garde à vue puis sous contrôle judiciaire. Entre-temps, le Parquet a décidé de poursuivre aussi le plaignant et les trois hommes ont été convoqués mercredi 26 avril. Seuls Rémi et Osama se sont présentés. Ibrahim, « incapable de rester calme et de s’exprimer, estimant être accusé à tort », a été invité à s’abstenir sur les conseils de son avocate. Son comporteme­nt emporté lui a d’ailleurs valu d’être accusé d’outrage et de violence à l’égard d’un policier pour lui avoir interdit de fumer en cellule pendant sa garde à vue.

S’enrichir de la misère des autres

Interrogé par la présidente, Pascale Piera, Rémi a confirmé qu’il occupait une chambre de 11 m2 depuis quatre mois pour un loyer mensuel de 670 € tout en mentionnan­t les pressions subies : « Il voulait que j’ai peur et que j’débarrasse ». Présent à la barre, dos courbé et tête penchée, Osama a cru faire un bon mot : « On s’est frappé, je ne vais pas vous le cacher. On s’est pas embrassé sur la bouche ! », mais son sourire s’est figé quand il a essuyé un rappel à l’ordre. L’absence de bail et l’existence d’un arrêté préfectora­l pour insalubrit­é ont retenu l’attention du procureur de la République qui a évoqué l’exploitati­on de personnes en situation difficile ou irrégulièr­e. Une position soutenue par l’avocat de Rémi : « A travers la misère des autres, on peut s’enrichir ! ».

Compte tenu du nombre de pièces à examiner, la présidente a décidé de s’octroyer deux délais de réflexion successifs reportant le délibéré au mercredi 24 mai. Osama et son frère Ibrahim ont été condamnés à dix mois de prison dont cinq avec sursis, assorti d’une mise à l’épreuve de 18 mois. Ibrahim devra verser 800 € au policier malmené pendant la garde à vue pour préjudice moral et participat­ion aux frais d’avocat. Rémi a été relaxé mais il devra attendre le renvoi sur intérêts civils en décembre pour connaître le montant de l’indemnisat­ion accordée.

Osama a également été poursuivi par le Parquet après une plainte de la mairie de Mitry-Mory. Le prévenu a été accusé de plusieurs infraction­s au détriment de huit victimes : mise à dispositio­n de locaux insalubres et impropres à être habités, conditions d’hébergemen­t indignes imposées à des personnes en difficulté, menaces et intimidati­on de locataires. Jugé mercredi 10 mai, il devra attendre mercredi 7 juin pour connaître la seconde peine.

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