Elle court pour les yeux d’Emma
La jeune femme disputera cet été le semi-marathon du Mont Ventoux pour aider une petite fille de 10 ans, aveugle de naissance. Qu’elle tente t’aider autant qu’elle peut.
Dans la vie, il y a ceux qui s’engagent par intérêt, pour la gloire ou pour l’argent. Et puis il y a les autres, ceux qui s’investissent par générosité et solidarité sans rien demander en retour. Natercia Plochocki appartient sans conteste à la deuxième catégorie. Elle en est même un modèle du genre. La jeune femme de Saint-Soupplets se bat depuis quelques mois pour aider une petite fille aveugle de naissance. Emmanuella, 10 ans, est victime du syndrome de Morsier, qui touche un enfant sur dix millions.
« Je l’ai découverte sur Facebook. J’aime bien Vianney, j’ai vu une vidéo où il vient la voir par surprise. Elle m’a bouleversée. Je me suis dit, il faut que je fasse quelque chose ». Elle contacte la maman de la jeune fille, Béatrice Koczorowski, en septembre dernier. Et lui demande comment elle peut lui venir en aide, « à son niveau ». « Elle m’a dit qu’elle avait besoin d’acheter une machine pour communiquer en braille. J’ai dit ok, mais je ne savais pas du tout le prix. Quand j’ai appris que le coût était de 4 800 €, je me suis dit « Allez hop, on y va ».
Natercia lance alors une collecte. A l’époque, la famille de la jeune fille est déjà dans une association. « Ils restaient en retrait, ne voulant pas faire transparaître l’idée d’un sentiment de pitié », sourit la jeune femme. Une page est ouverte sur la plateforme HelloAsso, 100 % gratuite, pour récolter les dons.
En décembre dernier, avec une de ses proches, Sophie, elle organise le marché de Noël de la commune, avec la complicité du maire et de tout son entourage, qu’elle mobilise. Gain : 304 €. Samedi 3 juin, elle récidivera, lors de la brocante de nuit.
Mais son engagement ne s’arrête pas là. En fait, ce n’est rien à côté de son véritable investissement : la course à pied. « Ce qui m’intéresse ce n’est pas de courir pour courir, mais de défendre une cause. Ça me booste ! ». Il y a deux ans, elle dispute le semi, puis le marathon de Paris pour une autre association caritative Imagine for Margot.
Le 30 juillet, un tout autre défi l’attend : le semi-marathon du Mont-Ventoux, ses 21 kilomètres d’ascension et ses 1 600 mètres de dénivelé, sur une pente moyenne de 7,5 %.
A côté de son travail dans la logistique, la runneuse s’entraîne trois fois par semaine, très dur. Son but : finir l’épreuve. Une folie qu’elle assume. « Je crois que je me suis lancée un défi fou… Les copains du club (de Saint-Pathus) m’ont d’abord dit « C’est bien, fonce ! » puis, il y a quelques jours, pour me rassurer : « Est-ce que tu sais dans quoi tu t’es embarquée ? Dans quel état tu vas finir ? » Donc je m’entraîne, je m’entraîne, je mange des côtes… On verra bien, le tout c’est que je finisse ! Je souffre un peu, mais c’est pour la bonne cause. Je vais tout en haut et je l’emmène avec moi, pour la faire rêver… ».
A deux mois du départ, elle est anxieuse. Mais pas pour elle. « Il y a le stress de ne pas avoir la somme. Je me dis mince, après tant d’efforts, tout ce qu’on a mis en place, ce serait vraiment dommage. » Une chose frappe chez Natercia, au delà de sa détermination : sa générosité. Chez elle, c’est naturel. «J’en éprouve certainement un besoin, ça m’aide intérieurement, à surmonter les difficultés de tous les jours, je me dis qu’il y a pire que moi. C’est vrai que j’ai connu des épreuves difficiles, qui ont sûrement joué dans ma personnalité. J’ai perdu ma maman à l’âge de 8 ans, je suis issu d’une famille de cinq enfants, avec un père pour nous élever tout seul, décédé il y a cinq mois… Mais j’ai toujours été de nature comme ça. On m’appelle la Sainte-Thérèse ! (elle se marre) Arrête de faire ta Sainte-Thèrese qu’on me dit toujours…»
Alexandre Mazel
Un semi pour une vie « Pour la faire rêver.. »