La Marne (édition Meaux)

Les commerçant­s tirent la sonnette d’alarme

Nous sommes allés à la rencontre des commerçant­s de la rue du Général de Gaulle pour prendre le pouls, connaître leur ressenti. Si certains sont satisfaits, la plupart tirent la sonnette d’alarme. Pour eux, il y a urgence.

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Des commerces fermés. D’autres à vendre. Une rue déserte. A première vue, en arrivant dans la rue du Général de Gaulle, on peut avoir l’impression que la rue commerçant­e est mal en point. En parlant à ces commerçant­s, on se rend très vite compte que ce n’est pas qu’une impression. On dénombre au moins huit locaux fermés. La pizzeria qui ouvrira fin août, à la place de Pizza Time, au N°159 ? Un écran de fumée. Le dynamisme semble être l’adjectif le moins approprié pour qualifier la rue. Le PMU ? En vente. Le restaurant O Castelo ? En vente. La première boulangeri­e dans le haut de la rue, côté droit ? En vente. Le bar-tabac en face de Natura Flore ? En vente.

« Chaque année, c’est de pire en pire »

Et ce n’est pas fini. Un cinquième commerce devrait bientôt s’ajouter à cette triste liste : le restaurant Paris Istanbul, situé en face d’O Castelo. « On ne s’en sort pas. Moi je mets en vente », se désole Nassi, son patron. Au bout du rouleau. « Ici c’est trop difficile. On n’a pas de clients, pas d’argent qui

rentre. Là c’est plus possible, je suis dans la galère. Je suis là depuis 2012, et chaque année c’est de pire en pire. » Les fermetures successive­s ne l’ont pas encouragé à rester. « A chaque commerce qui ferme, on se demande si on ne va pas être le prochain…»

« Le sens unique a cassé le commerce »

Marie* a pris la même décision, il y a deux mois. Désabusée. « Le dynamisme ? Ici c’est mort ! Pas assez de place, pas assez de parkings. Le sens unique a cassé tout le commerce. Pour se garer ici c’est la galère. Maintenant il faut faire tout le grand tour, donc les gens partent. Tout le monde vend ! »

Le stationnem­ent, un mal récurrent chez les personnes interrogée­s. « Il y a un vrai problème, dans toute la ville. Les clients nous le disent, « on ne vient pas à Dammartin parce qu’on ne peut pas se garer, explique cette employée de l’Institut de beauté. Le samedi matin il n’y a pas une place pour les clients, car tous les riverains sont garés. » Même

son de cloche chez la patronne de la pâtisserie Dagobert, Monique : « Des gens me disent « Le soir on irait bien acheter un petit gâteau, mais on a fait trois fois le tour et on est rentré chez nous. »

Ces commerçant­s sont inquiets. Certains ont du mal à garder le moral. « Notre rue est en train de mourir », lâche Priscilla, qui gère la boulangeri­e au 65. « Les maires ne se rendent pas compte, ils ne voient qu’à court terme, pas à long terme. Ils sont en train de détruire leurs centres-villes, renchérit Monique Dagobert. Et quand il n’y a plus de commerce, vous devez vendre. » A l’entendre, plusieurs artisans sont résignés. « A l’heure actuelle, certains commerçant­s, si quelqu’un leur demande si c’est à vendre, on ne réfléchit même pas ! Si une personne veut acheter mon commerce au prix que je veux, je n’hésite pas. »

« Avec Saint-Mard, ça risque d’être pire »

Présente depuis 31 ans, elle déplore l’évolution de la rue. Nostalgiqu­e, elle se rappelle que dans le passé, « il y avait une quincaille­rie, un vendeur de vêtements, un boucher, un poissonnie­r, une mercerie… Aujourd’hui, il reste deux boulangeri­es, une pâtisserie. Le reste ce sont des banques, des assurances, des agences immobilièr­es… Il n’y a plus assez d’offres. »

« Avant je mettais 10,15 minutes à traverser à pied l’avenue, parce qu’il y avait du monde. Ça doit faire au moins cinq ans que c’est désert », se désole Priscilla. Dans ce climat morose, ce n’est pas l’arrivée du centre commercial de Saint-Mard qui inspire l’optimisme. Bien au contraire. Fabienne, patronne de l’Institut de beauté : « Je crains que la situation se dégrade. Y a déjà pas grand monde à Dammartin, là ça risque d’être pire. C’est triste parce que les personnes qui ne peuvent pas prendre leur voiture auront de moins en moins de choses. Je n’ai pas de solutions…»

Alexandre Mazel * Le prénom a été modifié.

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Un commerce à vendre dans la rue du Général de Gaulle, une image de plus en plus récurrente.

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