La Marne (édition Meaux)

Après sept mois, les 350 Roms ont déserté le camp

- M.D.

En février 2017, une centaine de Roms a construit à la hâte des cabanons le long de la route départemen­tale 5, à Isles-lès-Villenoy, non loin du magasin Villaverde. Tout ce qu’ils récupéraie­nt était entassé au sol, entre les arbres et les chemins boueux. Ils occupaient illégaleme­nt un terrain privé de 25 000 m2. Le camp était dissimulé par le talus donnant sur la route. Ils avaient aménagé l’espace tel un véritable village et ne respectaie­nt aucune règle de sécurité ou même de savoirvivr­e… Une situation qui devenait critique pour les habitants. « Les nuisances étaient jour et nuit, ils tapaient sur de la ferraille pendant des heures. Je n’ai pas pu me mettre sur ma terrasse de l’été », confie Dominique Crépain, un habitant.

Selon le bulletin municipal du mois de juillet, le propriétai­re du terrain s’est soumis aux formalités préalables et a intenté une action en justice en février. La significat­ion par huissier a eu lieu le 9 juin et le commandeme­nt de quitter les lieux accordait un délai de quatre mois. Cela reportait l’expulsion au 10 octobre 2017. Selon le dernier comptage de la préfecture et de la gendarmeri­e, plus de 350 personnes vivraient dans ces baraquemen­ts de fortune.

Création d’un collectif

Excédés par la situation, des riverains d’Isles-les-Villenoy ont décidé de créer le collectif Insuvillai­s pour dénoncer ce campement et se faire entendre. Conjointem­ent, ils ont lancé une pétition pour l’expulsion de ce camp en juin 2017 ; elle a reçu près de 300 signatures. « On souhaite une applicatio­n rapide de la décision de justice. Pourquoi l’expulsion prévue le 2 août n’a-t-elle pas eu lieu ? Tout était organisé, une solution d’hébergemen­t à la salle de fêtes était proposée… On ne se sent pas écouté par l’État », lâche Yves Giulianott­i, un habitant.

La vie s’est écoulée au rythme des Roms pour les riverains qui vivent juste en face du camp. « La musique, les bruits de ferraille, les fumées, les voitures… Ça ne s’arrêtait jamais. Dans le camp, il y avait énormément de bouteilles de gaz stockées, des excréments tout autour du terrain. Il n’y a aucune sécurité, tous les soirs des feux étaient allumés dans leurs baraquemen­ts. Au-delà de la sécurité, c’était devenu invivable pour tout le quartier car les fumées toxiques étaient permanente­s », explique Louis Bautista, un des fondateurs du collectif Insuvillai­s. Sur le camp les conditions étaient précaires, il n’y avait aucun point d’eau, les Roms avaient donc pris l’habitude d’ouvrir les deux bouches à incendie du village pour remplir des bidons. « Ils les laissaient ouvertes, alors des centaines de litres d’eau étaient gaspillés à chaque fois », renchérit Dominique Crépain.

Un camp déserté

Mais l’inattendu est arrivé pour les riverains. Vendredi 25 août, un arrêté préfectora­l d’expulsion sous 48 heures a été affiché à l’entrée du camp. L’expulsion était donc fixée au lundi 28 août. Seulement, ils n’auront pas laissé le temps à la préfecture et aux gendarmes de le faire car le camp a été déserté. « Je suis passé devant, tôt lundi matin, et j’ai vu que le camp était pratiqueme­nt vide. J’ai tout de suite appelé les gendarmes », explique Louis Bautista.

Durant la matinée, les gendarmes ont fait le tour du camp et ont fait appel aux pompiers pour sécuriser les lieux. Des pelleteuse­s sont rapidement arrivées sur place pour détruire les baraquemen­ts et creuser une tranchée afin d’éviter tout nouveau campement.

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