La Marne (édition Meaux)

Christian Couture marque des points à Avignon

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D’Emerainvil­le à Avignon, il faut franchir quelques ponts culturels. La Compagnie du Casse-Tête chère à Christian Couture a marqué de son empreinte le festival.

Vous venez de présenter Le Masque et l’oubli à Avignon. De quoi parle votre pièce ?

Le Masque et l’oubli est un huis clos policier dont l’action se déroule en mars 1990, le jour de la prise fonction de Patricio Alwyn comme président de la République du Chili après les 17 années de la dictature de Pinochet. Dans ce huis clos intense entre les trois personnage­s et, au cours de cette confrontat­ion brutale, les masques tomberont. Cette pièce permet d’évoquer les moments durs de la dictature et surtout porter sur un devoir de mémoire envers la souffrance du peuple chilien.

Avignon, est-ce une vraie mise en danger ?

Participer au Festival off d’Avignon est une vraie mise en danger en ce qui concerne l’avenir d’une compagnie de théâtre. Cette année, 1 480 spectacles étaient présents. Un chiffre délirant. Les spectacles se jouent n’importe où, granges, garages aménagés, églises et même arrière-boutiques d’obscurs commerçant­s. Dès la première semaine, 350 compagnies ont plié bagage. Elles disparaîtr­ont, oubliées de tous. Le second danger : passer inaperçu dilué dans ce magma culturel. Nous avons parcouru des kilomètres intra muros pendant trois semaines à la rencontre du public. Alors oui, nous avons oublié pour un temps notre confort douillet d’Émerainvil­le. Comment s’est passé ce séjour en terre d’Avignon ?

Le festival d’Avignon se déroule comme un combat de boxe en trois rounds, chacun d’une durée d’une semaine. Il faut gérer quotidienn­ement la fatigue et la nervosité de chacun des membres de la troupe. Notre journée débutait vers 10 h et se terminait vers minuit. Nous passions l’après-midi à flyer et à partir de 18 h, préparions le spectacle du soir.

Quels sont les enseigneme­nts à en retirer ?

La mise en scène et le décor, sobre et minimalist­e, doivent mettre en valeur la pièce et les comédiens. Nous y avons adjoint de la vidéo et une musique originale composée par le cours de Pascal Protois du Conservato­ire de Musique de Lagny.

Tous ces éléments combinés insufflent une forte pression dramatique sur le public. Nous sommes allés au plus simple car nous n’avions qu’un quart d’heure avant le début du spectacle pour tout mettre en place.

À ce sujet, merci à notre régisseur Jean-Marie Combes qui a assuré au cours de nos 22 représenta­tions.

Comment va évoluer votre pièce ?

Le Masque et l’Oubli a trouvé son public. Tout au long de ces trois semaines, nous n’avons reçu de bonnes critiques. Nous avons des projets avec la Suisse, la Belgique ainsi qu’à Marseille. En octobre, le Masque sera proposé en milieu scolaire pour les élèves de Seconde à Terminale. Nous sommes en relation avec les Alliances françaises d’Amérique du Sud dans le but d’organiser une tournée. L’avenir de la pièce semble bien engagé. J’invite les passionnés d’histoire et de théâtre à se procurer le livre chez 7 écrit ou sur le site de la Fnac.

Vos projets à Émerainvil­le ?

Dans le cadre du beaujolais nouveau, nous avons prévu un cabaret avec buffet, le 18 novembre. Puis, début décembre, nous présentero­ns la 2nde édition de notre festival de théâtre amateur axé sur le rire.

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