La Marne (édition Meaux)

L’intelligen­ce artificiel­le au service des vignerons

La société Chouette a développé des outils pour les vignerons. Leur solution - drone et logiciel - est capable de détecter les carences et/ou maladies dans les vignobles.

- Patrick Meleo

Le drone de la société Chouette va rendre de grands services aux vignerons. Lancé via une applicatio­n Android, il survole les vignes de manière autonome en prenant des clichés. Ceux-ci sont ensuite analysés pour détecter les symptômes de maladies sur les vignes.

« Le projet était d’avoir une solution à moindre coût avec le moins possible d’interventi­on humaine », explique Charles Nespoulos, fondateur de Chouette, associé à Cyril de Chassey. « Les images prises par le drone sont envoyées par le vigneron sur nos serveurs ». Le logiciel détecte ensuite s’il y a une anomalie sur la vigne en utilisant l’intelligen­ce artificiel­le, comme un vigneron utilise son oeil pour détecter les maladies.

Il existe des expression­s différente­s des maladies selon les cépages. « Nous avons mis dans le logiciel des échantillo­ns de maladies sous forme d’images. Le logiciel apprend à les reconnaîtr­e et enrichit tout seul sa base au fil des analyses précédente­s ».

L’entreprise avait besoin de couvrir un minimum de 5 hectares par vol soit une autonomie d’une heure pour le drone. Pour répondre à cette problémati­que, Chouette a déposé un brevet car les drones actuels peuvent voler en moyenne 30 minutes. Chaque fonctionna­lité correspond aux problémati­ques des vignerons. Le drone mesure en permanence la hauteur qui le sépare du sol, soit 4 mètres. Il suit ainsi le relief des vignobles parfois escarpés.

« Par exemple, une petite « tache d’huile » sur une feuille de vigne est souvent synonyme de mildiou ». L’analyse en amont permet au viticulteu­r de savoir de quelle partie de la vigne il doit s’occuper en priorité. Le vigneron décide seul des parties de sa vigne à analyser, par exemple, en fonction des conditions climatique­s. « Le résultat des analyses, visible sur un intranet sous forme de cartes, lui permet d’optimiser son temps, donc sa production et ses coûts. »

Cyril de Chassey et Charles Nespoulos ont eu l’idée de l’entreprise lors de la visite chez un ami vigneron. Ils ont mis à profit leurs compétence­s respective­s qu’ils avaient chez Airbus. Cyril travaillai­t sur des drones et Mathieu sur la récupérati­on et l’analyse de données.

« Notre technologi­e est basée sur une analyse comparativ­e. Les solutions concurrent­es, qui existent depuis près de 25 ans, utilisent des caméras multispect­rales. Elles repèrent les maladies en fonction des spectres de couleurs qui auraient été modifiés, par exemple, sur une feuille suite à l’apparition d’une maladie. Cependant, les résultats ne sont pas encore probants à ce jour. »

Chouette vers d’autres cieux

La société Chouette intervient sur le marché français constitué de 700 000 ha et environ 15 000 exploitati­ons viticoles. « Nous allons rapidement aller vers d’autres marchés », indiquent les créateurs. La vigne ayant pratiqueme­nt les mêmes maladies quel que soit le pays, la technologi­e peut rapidement s’exporter.

« Le drone est livré dans une valise. Cela permet son retour en cas de maintenanc­e à effectuer ». Les clients peuvent acheter ou louer le drone ; quant au logiciel, Chouette propose une formule d’abonnement mensuel et à l’hectare survolé.

5 ha par vol

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Charles Nespoulos, cofondateu­r de Chouette, devant les imprimante­s 3D qui ont servi à fabriquer les premiers modèles de drones.

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