La Marne (édition Meaux)

Le nouvel « Hélan » meldois !

L’ACPM semble s’élancer vers des nouveaux horizons. Premier volet des recrues avec Serge Hélan, le premier Français à plus de 17 m au triple saut, champion d’Europe et multiple champion de France. Un nouvel entraîneur de choix !

- Pascal Pioppi

« Je suis attentif au plaisir »

Il arrive pile à l’heure au rendez-vous fixé à la piste Tauziet. Le sourire est communicat­if même si Serge Hélan, le nouvel entraîneur meldois des sauts, s’excuse : « Je reviens de Guadeloupe où le cyclone est passé et j’ai encore le décalage horaire dans les yeux. » Calme, serein, le premier sauteur français à avoir franchi la barre des 17 m au triple saut (17,55 m) ne fait pas état de ses titres européens et sa 3e place mondiale en 95. Un sacré monsieur de l’athlétisme d’une simplicité désarmante avec une vision de son rôle de pédagogue basé sur la confiance et l’ouverture d’esprit.

Serge, comment avez-vous rebondi et même atterri à Meaux ?

J’ai voulu poursuivre l’aventure humaine commencée au Pôle de Fontainebl­eau avec trois jeunes athlètes, Ibrahima Sisoko, Zoheir Laroussi, Nicolas Brigitte qui sont de Meaux. J’ai rencontré Philippe Santos Nunes, le président pour monter une structure ici à Tauziet et profiter ainsi du miroir renvoyé par ces athlètes, en offrant l’opportunit­é à d’autres de travailler dans un cadre plus élaboré. Quel est votre regard d’entraîneur sur les performanc­es des trois jeunes ?

Le potentiel est là mais cela a été une sale dernière année et les performanc­es n’ont pas été au rendez-vous. Le but d’un entraîneur est d’obtenir une progressio­n pour ses athlètes et je n’ai pas constaté de performanc­es significat­ives.

Quel genre de coach est l’exchampion incontesté de la discipline ?

Je peux être sévère mais je suis plus dans l’échange avec les jeunes. Il y a une relation de confiance qui s’instaure et nous sommes presque copains, enfin je dis presque, tout de même. Il faut s’adapter à la jeunesse, prendre en compte les difficulté­s des études, de la vie. Ils ne sont pas en structure fermée comme à l’INSEP et quand un jeune fait l’effort pour venir faire d’autres efforts sur la piste, il est normal d’être attentif aux choses extérieure­s.

Connaissez-vous Meaux ?

Non, je ne connais pas pour l’instant et je n’ai pas eu le temps de découvrir la ville. Il y avait dans l’air le projet d’ouvrir cette section saut au sein du club. On va se lancer avec deux entraîneme­nts le lundi et jeudi de 18 h à 20 h. Je vais tenter de retransmet­tre mon expérience du haut niveau en prenant les sauts en général, sauf la perche, en regardant de près la qualité des jeunes qui vont s’exprimer. Vous parlez d’expérience mais elle est énorme, non ?

(Rire) La carrière de champion est derrière moi avec quelques médailles européenne­s et une mondiale. Je suis content de cette carrière même si je suis passé aussi à côté pour des blessures récurrente­s.

De mémoire, vous avez souvent sauté en serrant les dents ?

Oui, j’ai fait avec les blessures. Cela se gère en permanence. J’ai sauté neuf ans avec une tendinite au talon d’Achille et bien d’autres choses. Cela a duré de mars 89 avec une souffrance continue jusqu’en août 98 où le tendon a fini par lâcher. L’entraîneme­nt à haute dose en haute compétitio­n finit pas laisser des traces mais pas plus que certains non sportifs. Je suis donc attentif aux bobos de mes athlètes qui sont naturellem­ent fragiles.

Quelles sont vos attentes ?

Je ne me fixe pas de projet bien précis. C’est à l’athlète de fixer lui-même ses propres objectifs. Je ne suis là que pour lui donner les moyens physiques et intellectu­els pour favoriser ce qu’il sait faire en améliorant sans cesse ses objectifs.

On sent pointer la notion de plaisir dans votre discours d’homme qui a certaineme­nt souffert sur les pistes ?

Ils doivent faire à la base du sport pour le plaisir et bénéficier de l’apport qui va leur être offert. Ils sont en structure club et on va tenter de les amener à développer leur potentiel. J’ai des athlètes de bon niveau. Il est aussi tout important qu’ils réussissen­t leur vie d’homme. Une notion à surtout ne pas oublier. Je suis engagé pour qu’ils soient néanmoins performant­s. Nous avons accepté de faire ce parcours ensemble même si nous n’avons pas encore chopé la performanc­e de pointe.

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Première séance d’entraîneme­nt pour Serge Hélan sur la piste Tauziet.

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