« Les violences conjugales n’ont pas d’âge limite »
Vingt-cinq ans plus tôt, Nicole pensait avoir trouvé le bonheur en rencontrant et en épousant André. À près de 80 ans, elle s’est présentée devant les magistrats comme victime de violences conjugales.
Le lendemain du 1e janvier 2016, Nicole s’est présentée au commissariat de Chelles pour déposer plainte contre son compagnon, André. La veille, ils s’étaient disputés au sujet d’un journal auquel son mari avait mis le feu. Fortement alcoolisé à l’issue du déjeuner, il s’était emporté dès la première remarque et s’était montré incapable de se maîtriser. Le ton était monté et très vite, les insultes avaient laissé place aux coups. Quand André avait brandi le poing pour la frapper derrière la tête et au côté gauche du visage, Nicole avait pris peur. Elle a décrit son mari comme un être schizophrène, alcoolique et violent. Pourtant, lors de son audition par la police, il a nié toute violence tout en reconnaissant quand même qu’il pouvait se laisser gagner par des accès de colère et qu’il l’avait « bousculée pour qu’elle arrête de l’emmerder ».
« Un calvaire du quotidien ! »
À la barre du tribunal, mercredi 18 octobre, seule l’avocate de Nicole était présente. Craignant d’avoir à affronter le regard de son mari, elle a préféré se faire représenter. Quant à André, n’ayant pas souhaité assister en raison de son âge, il a été jugé par défaut.
Agissant dans l’intérêt de Nicole, constituée partie civile, l’avocate a introduit sa plaidoirie par un constat : « Les violences conjugales n’ont pas d’âge limite ! ». Elle a ensuite demandé une expertise médicale pour sa cliente en proie à de méchantes céphalées et à une perte d’audition de l’oreille gauche depuis. Le procureur de la République, Elsa Valentini, a insisté sur « le calvaire du quotidien » vécu par un nombre préoccupant de femmes battues par leurs conjoints.
André a été condamné à trois mois de prison avec sursis et devra verser 500 € de provision pour l’expertise médicale accordée à Nicole. Un renvoi sur intérêts civils a été prononcé par la présidente au 20 mars 2018 pour déterminer le montant des dommages et intérêts.