Chapeau « Bibi » !
Brigitte Habib dite Bibi est la préposée au tableau d’affichage et bien d’autres taches pour le rugby à Tauziet sa résidence secondaire depuis 1987. Un essai transformé…
Bien campée sur le talus en face du terrain, Brigitte, la plus connue des spectateurs de Tauziet, tapote la télécommande du nouveau tableau d’affichage électronique. Certains spectateurs à la blague légère viennent lui demander des nouvelles des fameux chiffres accrochés au tableau pendant des décennies. De sa voix qui porte, un peu enrouée, Bibi répond à chacun du tac au tac : « J’ai toujours compté dans la vie, donc manuel ou électronique, un essai à 5 points n’est qu’une addition non ? »
« Le rugby c’est ma famille »
La dirigeante plus connue, enfin actuellement sur le pré que Bossuet lui-même, a poussé les portes du stade Tauziet en janvier 87 pour suivre son « Manu » : « A cette époquelà, je n’avais pas de fonction mais je me déplaçais en car avec l’équipe. Je me suis gentiment laissée emporter par le côté sportif même si j’avoue que je ne connaissais pas les règles à cette époque. Disons que je me suis incrustée avec plaisir. » Bénévole dans un premier temps dans le secteur administratif du club, elle va devenir secrétaire, assurer la gestion du mini-club, préparer les repas des joueurs et tenir le bar, ce qui n’est pas une mince affaire quand on sait les ardeurs des joueurs qui se retrouvent tous, lignes arrières comprises, au premier rang devant le comptoir.
Bibi a toujours été la maman des minots, la confidente, l’âme féminine du club. « Le rugby, c’est plus qu’une famille car j’ai vu grandir les gosses en étant presque une deuxième mère. Le samedi, j’étais aussi avec l’école de rugby mais je n’ai jamais compté les heures. J’ai toujours aimé supporter les joueurs, petits et grands » glisse cette pure Meldoise accrochée à la fibre du maillot. « J’aime ma ville et mon club en sachant que le sport collectif m’a toujours branché ».
Ses trois fils Matthieu, Florent et Julien, ont eux aussi manié le ballon ovale sous le regard lointain mais très attentif de Bibi, reine de Tauziet. « Je ne regrette pas mon investissement car j’ai beaucoup reçu en retour. Le rugby est une école de vie qui apporte. J’adore mon club et je mourrai sur le terrain, enfin pas tout de suite car je suis toujours bien là. »
Avec son franc sourire, sa spontanéité, son esprit ouvert sur les autres, Bibi fait partie du paysage. Elle est l’amie de tous. Quand vient l’heure de choisir un joueur marquant, Bibi botte en touche avec la vista d’un demi d’ouverture sirotant lors d’une troisième mi-temps un demi sans pression : « Il y en a tellement de joueurs. Peut-être William, un Sud Africain qui m’a énormément marqué par sa gentillesse même s’il ne parlait pas notre langue ».
Le rugby a besoin de toute une diversité de joueurs du talonneur à l’arrière en passant par le pilier. Même sans fouler le pré de Tauziet, Bibi est et reste un pilier du club. Avec sa télécommande, elle est même devenue une invitée de… marque. Hélas, en ce moment Brigitte a tendance à faire monter le compteur au profit du club visiteur. Son petit doigt est resté bloqué à 0 lors du dernier match à domicile face à Bourges (0-24). Il y aura des jours meilleurs pour faire chauffer le compteur.
« Bibi p ilier du club »