Le temps béni de l’amitié
A chaque fois que le C.S. Meaux de la grande époque se rassemble, il règne comme un doux parfum de nostalgie. Plus de 30 ans après, les corps sont moins véloces mais l’envie toujours sincère de se retrouver autour d’une simple partie de ballon.
Le sport véhicule un beau visage quand la jeunesse réinvestit ses traits. Samedi dernier, le rendez-vous des copains sur le stade Jean Périchon de Crécy, figure emblématique du C.S. Meaux, sentait bon les bises parfumées d’un rendez-vous galant mais aussi l’embrocation qui a servi à enrichir toutes les pharmacies de la région au rappel des vieilles articulations.
Le grand Gaby Latour excusé
On a revu la fameuse équipe des « vieilles gloires de Corazza » dans les années 80 qui a donné tant de bonheur à toute la région de Meaux par les épopées en championnat mais aussi les voyages fantastiques de Coupe de France à Sète, Strasbourg avec des matches mythiques à domicile devant des milliers de spectateurs. «J’ai joué Meaux en PH quand j’entraînais Mitry et il y avait eu 1 300 personnes dans les tribunes » se souvient encore Jacques Loncar, une pierre angulaire de notre région par sa qualité unanimement reconnue d’entraîneur. Il manquait peu de monde, le grand Gaby Latour, retenu en province, et qui a été le déclencheur de l’épopée et le coach Ange Anziani ainsi que quelques joueurs excusés.
En mémoire de Jeannot Périchon
Le match Meaux-Crécy a commencé dans les vestiaires par quelques blagues et des kilomètres déroulés d’Elastoplast comme pour le champion « égyptien », Philippe Delozanne, certainement venu ainsi « Tout en camion ». Un moment de franche rigolade avant que tout ce joli monde, spectateurs compris, se rende près de la plaque du stade Jean Périchon. Un moment d’émotion qui n’avait pas à être contenu tant Jeannot a été un personnage important comme joueur bien sûr mais surtout comme homme. «C’est bon de se souvenir ainsi » nous glissait émue Annie, son épouse, qui a toutefois encore du mal à évoquer les mots pansements capables de calmer ses douleurs.
Il restait à fouler le pré. Si l’amitié n’a pas de cheveux blancs, chacun de ceux qui ont eu le courage de se cramponner léger pour « stabiliser » une allure qui n’a plus la vertu conquérante de d’antan, a dévoré chaque instant de ce match où l’amitié est une vertu incurable. Avec le temps, rien ne s’en va vraiment pour ces héros qui sont en acier si fragile qu’il peut se fendre à la moindre émotion. On a renoué ainsi avec le sursis de cette jeunesse qui a tant fait rêver toute une région. Il n’y a pas plus belle utopie : « Je ne ratais aucun match à Corazza avec ces types fabuleux » notait l’émotif JeanClaude Lambert, le président du cyclisme. Ces retrouvailles initiées par les Bleus sur le Coeur par le philosophe de la vie Eric Danty, relayé par Pascal Flamand sur les réseaux sociaux ont été belles. « La fraternité est là », soulignait le grand Bermudes, reconverti libéro.
Chacun est ressorti de ce match avec une confiance absolue dans l’être humain, une volonté de voir la vie du bon côté et de cette société un brin changeante et c’est logique mais qui ne peut refermer ce livre aux souvenirs. Les braises de cette amitié au long cours sont encore chaudes. Il a suffi de souffler dessus pour que le feu nourri à la passion reparte.
« Je ne ratais aucun match de la grande ép o que »