Damien Charlot, la piste aux étoiles de Los Angeles
Après une médaille de bronze l’an passé, Damien Charlot a décroché l’argent aux Mondiaux Masters piste à Los Angeles. L’or est-il à portée de pédale ?
Il n’a rien d’une star. Damien Charlot vient de s’illustrer aux States, à Los Angeles. Une médaille d’argent aux Championnats du monde sur piste ne donne pas pour autant le droit de posséder son étoile sur Sunset Boulevard. Pas de paillettes venues de Hollywood mais un homme serein : « Je suis un pur amateur car j’ai dépassé l’âge pour être pris en charge par ma fédération. » Un athlète sain dans son corps et bien équilibré dans sa tête : « J’avais prévu d’arrêter le vélo mais en reprenant sur la piste, j’ai vite retrouvé des sensations. J’ai continué mais je suis honnête, seule la lutte m’attire. Sans compétition, il n’y aurait pas de sport pour moi ». Mercredi 8 novembre à la mairie de Charny, Damien Charlot, 37 ans, a reçu les félicitations du maire Xavier Ferreira, lui aussi sportif et sacré marathonien à New York.
« 51 km dans l’heure »
Fort d’une médaille de bronze décrochée l’an passé aux Mondiaux de Manchester, il a remis le couvert sur l’assiette du vélodrome. Hélas, une lourde chute en mai l’a arrêté six semaines avec une déchirure importante. Au Championnat d’Europe, à court de forme, il se contente de deux places de 4e, « la plus mauvaise ! ». Par équipe, il est battu avec ses copains par les Anglais, « intouchables »
Avant le Mondial, il tombe malade et enchaîne sur une allergie dans l’avion. Courbatures et trois nouveaux jours de repos. Ça se présente mal. La course aux points n’est pas sa spécialité non plus. 120 tours de 250 m avec un sprint tous les 10 tours l’attendent.
Au bout de 30 tours, le compteur de Damien est à zéro : « J’avais prévu d’attendre la mi-course pour passer à l’action ». Le plan de ce fin stratège fonctionne : « Je place une attaque, prends un tour en marquant des points et comble de bonheur, je gagne le sprint final avec bonus. » Une médaille à la sortie de cette séance de sudation : « Je suis monté à 197 pulsations en plein effort pour cette course courue à 51 km/h de moyenne. » Un effort intense. A la sortie, une jolie médaille d’argent derrière un Sud Africain intouchable roulant en élite. « Cette discipline est particulière et on doit rouler aussi avec sa tête. On ne peut mettre que 2 ou 3 cartouches par course. La marge de manoeuvre est étroite. »
A 37 ans, Damien possède encore la gagne au fond de lui-même s’il n’est pas facile de concilier son travail à la RATP et ce vélo qu’il aime tant : « J’aime reculer la douleur au plus loin possible. J’avoue que sur des séances d’entraînement avec neuf répétitions du kilomètre à 100 %, il me faut mon seau à l’arrivée pour tout vomir. »
Lors de la réception à la mairie, avec une petite coupe de boisson non alcoolisée, le champion savoure ces instants de communion avec ses amis d’un village fier de posséder un champion aussi accessible.