La Marne (édition Meaux)

Le portrait de Dorian Gray, « une quête de la beauté belle ou atroce »

Thomas Le Douarec s’attaque à une oeuvre unique d’Oscar Wilde : Le portrait de Dorian Gray dont le thème central est l’éternelle jeunesse. La pièce sera jouée à Lagny-sur-Marne. Quelques jours avant la représenta­tion, le metteur en scène se confie.

- Propos recueillis par Christophe Petit

Vous avez joué cette histoire à maintes reprises sous différente­s formes. Qu’est-ce qui vous plaît dans les oeuvres de l’auteur ?

J’aime son humour, sa pertinence, sa brillance, sa réflexion sur la vie car c’est une philosophi­e. Et puis sa lecture, c’est aussi ça qui m’intéresse chez Oscar Wilde.

En quoi cette version est-elle différente des autres, hormis la comédie musicale que vous y aviez consacrée ?

Elle est, en tout cas je l’espère, plus aboutie que les autres. À chaque fois que je me suis attelé à une nouvelle adaptation théâtrale du roman, j’ai toujours cherché à être le plus fidèle au roman et à l’auteur, et à en faire une vraie pièce de théâtre. C’est ça l’objectif à atteindre. En tout cas le succès est au rendez-vous. C’est un beau succès et inattendu.

Quelle version préférez-vous ?

La dernière évidemment. On n’a pas la même vision des choses en vieillissa­nt. On le constate régulièrem­ent quand on lit un roman adolescent et qu’on le redécouvre adulte ou dans la force de l’âge. C’est un bonheur de relire des chefsd’oeuvre. Moi, il m’est arrivé plein de fois de passer à côté de romans magnifique­s quand j’étais adolescent et que je redécouvre seulement maintenant, éclairé par ma propre expérience. Qu’est-ce qui vous fascine dans cette oeuvre « Le portrait de Dorian Gray » ?

Ce qui me plaît… c’est extrêmemen­t complexe. À la fois, c’est un essai sur la beauté et sur l’art en général. En même temps, c’est une histoire fantastiqu­e presque un conte de fées. Il réussit à faire une oeuvre de fiction et aussi une réflexion sur l’art, la peinture, la beauté, la morale. Mais c’est vraiment une quête de la beauté belle ou atroce. C’est ce qui caractéris­e le roman et qui me fascine.

D’après vous, Oscar Wilde, au travers de son personnage de Dorian Gray, ne décrit-il pas là un voeu qu’il aurait lui-même voulu réaliser ? N’y a-t-il pas beaucoup de lui-même ?

Oui il y a beaucoup de lui dans ce roman. Je me suis appuyé sur une de ses phrases pour la dernière adaptation :

« J’ai mis beaucoup trop de moi-même dans ce roman. Basil Halward est l’homme que je pense être, Harry l’homme que les gens pensent que je suis et Dorian l’homme que je rêverais d’être en d’autres temps peut-être » Tout est dit. Je me suis basé sur ces trois personnage­s car c’est un triptyque en fait. C’est vraiment lui dans trois visions différente­s. Cet unique roman a été adapté maintes fois au cinéma, au théâtre, en bande dessinée, sans oublier la comédie musicale. Comment expliquez-vous cet intérêt pour ce roman ?

C’est-à-dire qu’avec ce roman on touche au mythe. C’est un roman comme a pu l’être Dracula ou Frankenste­in à la même époque. C’est d’ailleurs la même littératur­e. Ce sont des contes fantastiqu­es. Tous ont été des mythes contempora­ins qui perdurent et fascinent toujours autant, comme Sherlock Holmes de Conan Doyle.

Vous avez signé de nombreuses mises en scène, que ce soit des pièces classiques au plus contempora­ines en passant par les pièces dites de boulevard.

J’aime beaucoup ce métier. Je l’ai toujours aimé parce qu’il est très complet. En fait, j’aime être confronté à plusieurs corps de métier. On passe beaucoup de temps avec les acteurs bien sûr mais aussi avec les producteur­s, les théâtres, les technicien­s, les décorateur­s, les costumiers. On est au centre de tout et c’est ça qui est merveilleu­x. C’est tout sauf de la routine. En plus d’être un travail de recherche.

Dans tous les auteurs que vous avez joués et/ou mis en scène, y en a-t-il un ou une que vous n’avez pas encore affrontés et que vous aimeriez justement jouer ?

Je n’ai jamais osé m’affronter aux grands : Molière, Shakespear­e. Ils m’ont toujours fait un peu peur. Je pense que quand on met en scène, il faut qu’on puisse apporter quelque chose de notre monde, une petite pierre à l’édifice. Je ne me sentais pas capable d’apporter quelque chose de plus qui pourrait servir aux autres. C’est ce que j’essaye de faire, en tout cas, chaque fois que je monte un spectacle. Les oeuvres de Tcheckov me hantent et après on fait aussi avec les moyens que l’on a. 2018 approche… Comment se dessinent « portraitis­ent » vos prochains projets ?

Je suis assez éclectique dans mes choix. Du coup pour la saison prochaine, je monte une pièce avec Véronique Genest et Martin Lamotte d’un auteur anglais « Peter Quilter » et qui s’appelle « Face à face ». Et en ce moment, je me concentre sur « L’idiot » de Dostoievsk­i puisque l’on démarre en mai prochain, au théâtre 14, avec la même équipe que pour le spectacle de Dorian Gray. On ne change pas une équipe qui gagne ! « Le portrait de Dorian Gray », vendredi 15 décembre. Espace Charles-Vanel à Lagnysur-Marne. Tarifs : de 10 à 23 €. www.espcharles­vanel.com.

« Les oeuvres de Tcheckov me hantent »

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Pour la cinquième fois, le metteur en scène Thomas Le Douarec s’attaque au Portrait de Dorian Gray, écrit par Oscar Wilde.

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