Édouard Philippe favorable à la limitation de vitesse à 80 km/h
Le Premier ministre était au rond-point de Grisy-Suisnes pour des contrôles routiers lundi matin. Il s’est ensuite rendu au centre de réadaptation de Coubert à la rencontre de blessés de la route. Un prélude au futur plan gouvernemental prévu en janvier.
« Chaque année, environ 3 500 personnes meurent en France sur les routes. À cela s’ajoutent 72 000 blessés graves. C’est un coût humain considérable, mais aussi un coût familial, social et financier ». Édouard Philippe est venu prendre le pouls de la sécurité routière en Seine-et-Marne, en compagnie d’Agnès Buzyn, la ministre des Solidarité et de la Santé. Il était lundi matin au Centre de réadaptation de Coubert (UGECAM). Ce centre accueille des personnes en situation de handicap physique ou moteur, certaines à la suite d’accidents de la route. Ce sont eux que le Premier ministre est venu rencontrer avant d’annoncer la tenue en janvier - « probablement le 18 » - d’un « comité interministériel qui adoptera des mesures visant à réduire le nombre d’accidents de la route. »
Selon lui, les chiffres de la sécurité routière (avec un nombre de morts qui a bondi de 8,9 % en novembre, avec 281 tués en France) ne sont « pas une fatalité ». « Je ne me satisfais pas d’un nombre si élevé de victimes. Le gouvernement a décidé de prendre le problème à bras-le-corps », affirmé le chef du gouvernement après avoir rendu hommage à « l’impulsion très forte » impirmée aux débuts des années 2000 sous le mandat de Jacques Chirac.
S’il n’a pas souhaité détailler le plan qui sera dévoilé en janvier, et dont l’objectif est de lutter contre les mauvais résultats enregistrés dans le pays depuis trois ans, Édouard Philippe s’est personnellement prononcé au sujet de l’abaissement de la vitesse de 90 km/h à 80 km/h sur les routes départementales et nationales. « J’y suis favorable car deux tiers des accidents se concentrent sur ces routes », a-t-il avancé avant d’indiquer que « les décisions seront prises après délibérations. »
Deux anciens patients du centre de Coubert ont pu échanger avec le Premier ministre. Mohamed Djema, 25 ans, et Abdelrahim Aïssaoui, 27 ans, ont tous deux été amputés d’une jambe après de graves accidents qui ont failli leur coûter la vie. « Nous sommes des rescapés de la route », estiment-ils. « Quand on était au centre de Coubert, on était bien suivi, au moindre problème il suffisait d’appuyer sur un bouton. Mais dehors, c’est autre chose, on est livré à soi-même », précise Mohamed qui ne cesse, depuis, « de sensibiliser les gens, surtout les jeunes ». Abdelrahim, lui, « déteste l’alcool au volant », d’autant plus depuis son accident causé par un jeune homme « avec deux grammes dans le sang ». « C’est bien que le Premier ministre vienne se rendre compte des dégâts causés par les accidents de la route. Mais il faudrait une répression plus dure au niveau de la justice. Moi, le mec n’a pris que six mois avec un bracelet électronique », lance ce dernier.
« Favorable à la limitation à 80 km/h »
Contrôles de gendarmerie à Grisy-Suisnes
Plus tôt dans la matinée, Édouard Philippe et Agnès Buzyn étaient au rond-point de GrisySuisnes, où se rejoignent la D471 et la D319 à la sortie de Coubert. Là, les gendarmes arrêtaient les véhicules, occasionnant par là même des embouteillages conséquents. Les conducteurs passaient de l’agacement et la crainte au soulagement lorsqu’ils comprenaient qu’il était seulement question de sensibilisation.
« Je pense que c’est très bien de contrôler les gens. On a tous besoin de ça, surtout en période hivernale », souffle Sandra, 30 ans, surprise de voir le Premier ministre lui glisser deux mots pendant son contrôle.
Il faut dire que les deux axes sont particulièrement empruntés et dangereux. C’est d’autant plus vrai pour la D471 (reliant Collégien à Melun) où 62 accidents ont été recensés entre 2012 et 2016, faisant en tout dix morts, 50 blessés hospitalisés et 30 blessés légers. Première cause : la vitesse. Ce que confirme Jean-Marc Chanussot, maire SE de Grisy-Suisnes, « intervenu plusieurs fois pour des constats de décès ».