Accusé d’avoir légitimé le djihad, l’imam pourra être expulsé
L’avenir de Mohammed Tlaghi, imam suppléant à la mosquée de Torcy (Seine-etMarne), a été scellé par la commission de magistrats qui étudiait son dossier : un avis favorable pour son expulsion au Maroc a été rendu. Ce Marocain de 50 ans, arrivé en France en 1992 et père d’un garçon de 14 ans né sur le sol français, peut donc être expulsé à tout moment. Le 13 avril 2017, il avait été suspendu de son poste de professeur de mathématiques au lycée Jean-Moulin de Torcy. Il est accusé d’avoir « violé des principes fondamentaux de la République ».
La commission des ressortissants étrangers qui s’est réunie mercredi 20 décembre, au tribunal de Grande Instance de Melun, détaille : « L’arrêté préfectoral du 10 avril 2017 se réfère à des prêches tenus en 2016 et 2017 au cours desquels les deux imams de la mosquée ont explicitement légitimé le djihad armé, en appelant les fidèles à prier pour les djihadistes du monde entier afin de détruire les ennemis de l’Islam en France et dans le monde. »
Par ailleurs, la commission indique que malgré le décret de dissolution de l’association Rahma, l’imam « maintient l’activité de l’association en participant aux prières. » Elle explique donc que « les principes fondamentaux de la République et de la loi ne sont pas respectés ». Par conséquence, la commission émet un avis favorable à l’expulsion de l’imam de Torcy.
Fermeture de la mosquée
La mosquée Rahma de Torcy, ouverte en 2003, a été fermée administrativement, le 11 avril 2017, à la suite d’un arrêté de la préfecture de Seine-et-Marne pour des prêches « légitimant le djihad armé ». « La responsabilité de l’Etat et des autorités est de permettre l’exercice paisible du culte dans le respect des lois de la République », indiquait, à l’époque, le ministère de l’Intérieur.
Selon l’arrêté signé par le préfet en avril 2017, la mosquée qui rassemblait jusqu’à 500 fidèles à l’occasion de la prière du vendredi, « constitue un lieu de référence influent sur la mouvance salafiste, prônant un islam rigoriste, et représente, par les propos qui y sont tenus et par son influence, une menace grave pour la sécurité et l’ordre public. »
« Des griefs écartés »
Selon son avocat, Me Gilles Devers, au barreau de Lyon, « la commission a écarté toute la première partie des griefs, c’est-à-dire les griefs faisant état d’antériorité depuis 2011, et l’implication avec la filière « Cannes Torcy ». C’est une partie importante des griefs qui a été ainsi mise à l’écart ».
Il ajoute : « La commission retient des prêches de 2016 et 2017 » et conteste plusieurs éléments. « De nombreuses attestations contredisent le contenu des notes blanches, les textes des prêches (récupérés depuis) ne sont pas en ce sens. »
L’avocat précise également « si l’association a été dissoute et que le local de la mosquée a été fermé, la commune n’a pas remis en cause le contrat de mise à disposition du terrain, sur lequel les fidèles se rendent pour prier. »
L’expulsion ne peut être prononcée que si elle « constitue une impérieuse nécessité pour la sûreté de l’État ou la sécurité publique » (CJA, Art. L 521-2). Or, la commission ne retient pas que ce critère est atteint. En effet, elle indique que « les principes fondamentaux de la République et de la loi ne sont pas respectés », ce qui est bien différent de « l’impérieuse nécessité pour la sûreté de l’État ou la sécurité publique ».
La communauté musulmane s’organise
De son côté, la communauté musulmane continue de réclamer le maintien sur le territoire français de l’imam Mohammed Talghi, comme en témoigne sa page Facebook : « Aujourd’hui, la vengeance a montré ses crocs, notre imam et le maître de l’école arabe qui a formé plusieurs générations est menacé d’expulsion.
Cela est inacceptable. Nous devons déployer tous les moyens légaux pour faire face à cette cruelle mesure. »