La Marne (édition Meaux)

Ils tabassent un frère et une soeur au milieu de la nuit

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En s’immisçant dans la dispute du jeune couple, le groupe de fêtards à peine sorti de la boîte de nuit pensait secourir une jeune femme en détresse. Mais la situation a très vite dégénéré et l’interventi­on s’est transformé­e en véritable rixe.

Depuis plusieurs kilomètres, Dylan et Renata se querellaie­nt dans la voiture. Excédé, le jeune homme a décidé de quitter l’autoroute A4 au niveau de BussySaint-Georges et de s’expliquer une bonne fois avec sa compagne. Pendant qu’il prévenait sa soeur qui les précédait dans un second véhicule : « On s’est arrêté, elle me prend la tête. »

Renata est sortie de la voiture, refusant de poursuivre la route à ses côtés. Ses hurlements et l’insistance de Dylan pour la faire remonter à sa place ont incité les six copains à s’en mêler.

A posteriori, les enregistre­ments de vidéosurve­illance et les auditions ont apporté un éclairage sur le déroulemen­t de l’altercatio­n qui a suivi, ce matin de décembre 2016, vers 5 h.

Le frère et la soeur « passés à tabac »

En les voyant s’approcher, Dylan s’est placé devant l’un d’entre eux, Wendy. Ce dernier a commencé par reculer. Dylan a insisté en se plaquant à lui, a émis un bruit avec sa bouche qui a irrité son opposant et les injures ont fusé.

Dévis, décidé à en découdre, lui a décoché le premier coup de poing et la bagarre a éclaté.

Revenue sur ses pas entretemps, Sandrine, la soeur de Dylan, a voulu s’interposer pour aider son frère en mauvaise posture. Une nuit blanche passée à s’enivrer de musique et d’alcool a eu raison de la maîtrise des jeunes gens.

Dévis et Wendy se sont déchaînés et leur ont asséné une série de coups. Ils ont continué à frapper quand le frère et la soeur sont tombés dans les buissons. Autour d’eux, Jérôme et les trois autres se sont mis en retrait.

Sitôt alertée, la police municipale a dépêché une patrouille qui a ramené tous les belligéran­ts au calme. La plus touchée était Sandrina qui saignait abondammen­t de la bouche. Elle venait de perdre trois incisives et la quatrième commençait à se déchausser. Quant à ses lunettes !

Dylan ne souffrait que de diverses contusions au visage et sur le corps. Ne pouvant établir les responsabi­lités sur place, les policiers les ont remis au commissari­at et tous se sont retrouvés en garde à vue. Plusieurs mois se sont écoulés avant leur convocatio­n au tribunal correction­nel de Meaux, vendredi 12 janvier.

La victime attendait des excuses !

Face aux magistrats, les trois prévenus ont toujours conservé la même défense : ils n’ont pas frappé la jeune femme. Ses blessures ont été causées par les gesticulat­ions de son frère.

Ils se sont même posés en victime : « On a joué les bons samaritain­s et on s’est retrouvé en garde à vue ! ». Sandrina, la soeur de Dylan, n’a pas caché sa déception : « Je m’attendais à les entendre s’excuser. Ils m’ont enlevé ma liberté. Je n’ose plus sortir. »

Une fois l’instructio­n terminée, le procureur de la République, Jean-Noël Giacomoni, n’a pas mâché ses mots : « Ces violences en réunion m’insupporte­nt, pas seulement moi, mais aussi toute la société. La vidéo est éloquente, c’est un véritable lynchage ! Au lieu de faire baisser la pression, on va en découdre ! Un tel comporteme­nt est le signe d’une animalité primaire, la lâcheté du geste de la meute, venue se défouler ! » Des propos qui ont donné le ton de ses réquisitio­ns débouchant sur des peines fondées sur la sévérité.

Estimant nécessaire de revoir « le dossier à tête reposée », la présidente a mis l’affaire en délibéré au vendredi 9 février.

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